Le Journal de Montreal

Les élues veulent s’attaquer au harcèlemen­t sexuel

- Ottawa MAXIME HUARD

OTTAWA | Choquées par les scandales d’inconduite sexuelle qui ont ébranlé la classe politique cette semaine au Canada, des élues fédérales souhaitent que les partis fassent front commun pour s’attaquer au fléau du harcèlemen­t.

« Quand j’ai vu les nouvelles, je n’ai pas dormi de la nuit. J’en ai encore mal au coeur », a confié en entrevue la leader parlementa­ire du Nouveau Parti démocratiq­ue, Ruth Ellen Brosseau.

Confrontés à des allégation­s d’inconduite sexuelle, les chefs conservate­urs de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse ont démissionn­é jeudi. Le même jour, le ministre fédéral des Sports, Kent Hehr, a lui aussi quitté ses fonctions à la suite d’allégation­s sur son comporteme­nt inappropri­é envers les femmes alors qu’il était député provincial en Alberta.

« En voyant ou en entendant parler d’un cas de harcèlemen­t, tous les députés de tous les partis doivent prendre la chose au sérieux. Il faut faire mieux », a-t-elle plaidé.

« TRUC DE GARS »

Bien qu’un code de conduite en matière de harcèlemen­t sexuel soit entré en vigueur pour les élus en 2015, les changement­s se font trop lentement, d’après Ruth Ellen Brosseau.

Questionné­e à plusieurs reprises pour savoir si elle avait été témoin de comporteme­nts inappropri­és sur la colline à Ottawa, celle qui est députée depuis près de sept ans s’en est tenue chaque fois à la même réponse : « Malheureus­ement, le Parlement n’est pas à l’abri. »

Même son de cloche chez la députée bloquiste Monique Pauzé. « Il y a encore beaucoup de mentalités à changer, beaucoup de chemin à faire », a-t-elle constaté. Bien qu’elle n’ait pas vu ou vécu de situations de harcèlemen­t, l’élue rappelle que « la politique reste un truc de gars » et que le Parlement est encore loin de la parité.

SOLIDARITÉ

Le mouvement de dénonciati­on #MeToo, qui a eu raison du ministre Hehr, est essentiel et doit perdurer, selon elle, pour permettre aux femmes de « dire haut et fort qu’elles ne toléreront plus d’être traitées comme inférieure­s ».

Le projet de loi C-65 prévoyant une politique unique contre le harcèlemen­t dans tous les milieux de travail fédéraux sera débattu en deuxième lecture, lundi, aux Communes. Une occasion pour les parlementa­ires de montrer leur solidarité face au problème, soulignent les députés interviewé­s.

Le cabinet de la ministre du Travail, Patty Hajdu, a lui aussi dit espérer que toutes les formations appuieraie­nt C-65, sans pour autant avoir l’intention d’accélérer son adoption.

 ??  ?? KENT HEHR Député libéral
KENT HEHR Député libéral

Newspapers in French

Newspapers from Canada