L’Université Laval s’excuse pour son questionnaire
QUÉBEC | L’Université Laval fait son mea culpa concernant l’utilisation d’un questionnaire médical préemploi jugé « intrusif », admettant que certaines questions n’avaient tout simplement « pas de bon sens ».
Hier matin, Le Journal rapportait que l’Université Laval utilisait jusqu’à tout récemment un questionnaire médical controversé lors du processus d’embauche pour certains emplois, dans lequel on demandait notamment si les candidats avaient déjà consulté un psychologue, s’ils étaient atteints du sida, s’ils avaient déjà subi une cure de désintoxication et quelles étaient les dates des dernières menstruations et du dernier examen gynécologique, lorsqu’il s’agissait de femmes.
La pratique est illégale selon des experts et contrevient à la Charte des droits et libertés, selon un jugement rendu l’an dernier dans un dossier similaire.
« INADÉQUATES »
E n marge d’un point de presse, la rectrice Sophie D’Amours a convenu que certaines questions étaient « inadéquates » et a rappelé que le questionnaire avait été retiré dès qu’il avait été porté à l’attention de l’administration universitaire par Le Journal, au début janvier.
« Les questions n’étaient pas bonnes, a reconnu Mme D’Amours. On va faire la lumière là-dessus et on va revoir la démarche. »
Ce formulaire n’a pas servi à faire la sélection d’un employé, a tenu à préciser Mme D’Amours. Les réponses n’étaient pas transmises à l’équipe des ressources humaines, mais plutôt à un médecin qui formulait par la suite un avis médical sur le candidat retenu.
L’objectif était de s’assurer que l’employé potentiel avait les capacités physiques requises pour les tâches à accomplir et que ses conditions de travail ne mettaient pas à risque sa santé.
Le cas d’une femme enceinte qui aurait eu à manipuler des substances toxiques ou des virus comme technicienne en laboratoire a notamment été évoqué.
« Il faut être capable comme employeur de protéger nos employés s’ils ont des situations particulières », a affirmé Mme D’Amours. « L’instrument était inadéquat, mais la préoccupation va rester », a ajouté la vice-rectrice des ressources humaines, Lyne Bouchard.
DEPUIS 2009
La rectrice D’Amours a toutefois eu de la difficulté à expliquer comment ce questionnaire a pu être utilisé pendant près de 10 ans, soit depuis 2009, auprès de « plusieurs centaines » de candidats.
« Je ne sais pas pourquoi, mais on convient que c’est très curieux comme questions », a-t-elle laissé tomber. Aucune plainte n’avait été formulée à ce sujet, indique l’administration universitaire.