Le Journal de Montreal

Le PQ enfin campé

- MARIO DUMONT mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

D’une campagne de publicité jusqu’aux points de presse du chef, le PQ a porté cette semaine un message cohérent. Le PQ croit dans un État plus fort, un État qui n’hésite pas à intervenir, un État dit bienveilla­nt pour offrir des services aux citoyens.

Le PQ a mis de la chair autour de l’os de son message en réaffirman­t sa foi dans les CPE, et en accusant ses adversaire­s de vouloir les démanteler. Le PQ veut réduire le coût des services de garde gouverneme­ntaux et évitera de développer les maternelle­s quatre ans pour ne pas leur faire concurrenc­e.

Le message de Jean-François Lisée est un message de centre gauche, qui exprime une foi dans les interventi­ons gouverneme­ntales, qui privilégie­ra l’investisse­ment dans les services publics plutôt que les baisses d’impôt. Pour le Parti québécois, il s’agit d’un retour à la social-démocratie traditionn­elle.

Ce n’est pas fou de retourner à ses conviction­s de base lorsqu’un parti politique traverse une tempête. Cette façon de camper le PQ aura aussi l’avantage de mettre libéraux et caquistes dans le même sac. Deux partis qui préfèrent les baisses d’impôt et les réductions de dépenses quitte à « affaiblir » l’État.

Le PQ parle aussi un langage qui interpelle directemen­t les électeurs de Québec solidaire. QS aime bien dépeindre le PQ comme un parti qui a négligé ses conviction­s sociales au nom de la recherche du pouvoir. Un PQ qui veut un État au gymnase, donc un État plus musclé, attirera l’attention des supporters de Gabriel Nadeau-Dubois.

DU DÉJÀ-VU

Évidemment en 2018, le PQ va rencontrer des sceptiques. J’en suis un. Je ne crois pas du tout aux solutions étatistes. Le Québec demeure la province la plus taxée en Amérique du Nord. Malgré de bonnes intentions, les interventi­ons de l’État se sont souvent transformé­es en grosses bureaucrat­ies inefficace­s. Et l’idée qu’un État plus fort et plus financé m’amène automatiqu­ement plus de services me laisse perplexe.

Cependant, ici au Québec comme dans tous les pays du monde, cette façon de voir rejoint beaucoup de citoyens et est portée haut et fort sur la scène politique. Le PQ peut aller marquer des points de ce côté.

De surcroît, un grand nombre de syndicats, de groupes sociaux et d’organismes communauta­ires croient fermement à une telle vision et veulent entendre un parti l’articuler adéquateme­nt. Ces groupes furent des alliés traditionn­els du PQ. Plusieurs se sont éloignés au fil des années. Lisée leur tend la main.

SORTIR DU FLOU

Qu’on aime ou non cette position politique et cette philosophi­e économique, il faut reconnaîtr­e que le PQ sort de la semaine avec un avantage : être campé. Depuis que le référendum a été mis de côté, on ne savait plus comment définir le PQ. Ça, c’est pire que tout.

Il reste à Jean-François Lisée à garder le cap. Malgré les critiques.

Parce qu’un PQ plus interventi­onniste, cela va déplaire à certains. Comme Pierre-Karl Péladeau par exemple.

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Le PQ a clarifié cette semaine son offre politique en vue de l’élection.

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