Le Journal de Montreal

Au-delà de la prime jaquette

- JEAN BOTTARI

Le Bureau d’enquête du Journal nous a révélé que les médecins interniste­s recevaient une fois par semaine une prime de 66 $ pour chaque patient qu’ils visitent en isolation.

Ce qui me trouble ce n’est pas l’existence de cette prime spécifique ou encore la prime d’assiduité de 105 $ dont on parlait le mois dernier, mais plutôt le fait que nous en apprenons l’existence, encore une fois, par la plume d’un journalist­e. Le lendemain de son élection, Philippe Couillard nous disait qu’il serait à la tête du gouverneme­nt le plus transparen­t de l’histoire du Québec. Vous conviendre­z avec moi qu’en fait de transparen­ce nous avons déjà vu mieux.

L’explicatio­n du ministre Gaétan Barrette, voulant que les primes fassent partie d’une enveloppe budgétaire globale, bien que logique, ne me satisfait pas du tout. Une fois ces sommes approuvées par les membres des deux fédération­s de médecins, ce sont eux qui décident de leur distributi­on. Connaissez-vous un autre groupe d’employés qui décide où et comment diriger les milliards de dollars du budget gouverneme­ntal ? Moi pas !

LA RÉMUNÉRATI­ON

Il serait peut-être temps de revoir le mode de rémunérati­on des médecins. Présenteme­nt payés à l’acte, leur facturatio­n est complexe et accaparant­e, car ils doivent remplir une facture pour chaque acte médical posé.

Certains médecins à qui j’ai proposé d’être rémunérés à l’heure, comme tous les autres intervenan­ts du réseau, sont favorables à l’idée. De l’aveu même de plusieurs médecins, la rémunérati­on à l’acte les motive à voir rapidement le plus de patients possible. De là les quinze minutes maximum que le patient passe dans son bureau. Or, s’il est rémunéré à l’heure, il est logique de penser qu’il accordera plus de temps à son patient, et celui-ci en ressortira gagnant, car il aura tout le temps voulu pour dialoguer avec le profession­nel.

MA PROPOSITIO­N

Je propose donc que ce gouverneme­nt, ou le prochain tienne un exercice ressemblan­t à celui de l’équité salariale afin de recommande­r le montant du taux horaire qui serait versé aux médecins spécialist­es et omnipratic­iens. Ce taux serait bien entendu fixé en tenant compte des études et des nombreuses responsabi­lités qui se rattachent au titre de médecin.

Les titres d’emplois d’infirmière­s, infirmière­s auxiliaire­s et de préposées aux bénéficiai­res serviraien­t aussi comme comparaiso­n. Leurs salaires seraient aussi évalués et revus à la hausse, du même coup. Ainsi, plus de cachettes. Ce serait aussi la fin de la facturatio­n effectuée sur la bonne foi du médecin.

Jean Bottari a été préposé aux bénéficiai­res et est activiste pour les droits des usagers en santé. Il s’exprime régulièrem­ent sur les enjeux qui concernent les conditions de vie des personnes malades, hébergées ou en attente de soins.

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« Il serait peut-être temps de revoir le mode de rémunérati­on des médecins. »

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