Le Journal de Montreal

Finances du couple : pour le meilleur et pour le pire

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Jacques et Caroline se sont rencontrés il y a six mois et ils envisagent maintenant d’habiter ensemble. Mais avant de sauter le pas, ils veulent obtenir des conseils financiers pour éviter de reproduire les mêmes erreurs que durant leur précédente union.

Après plus de 10 ans de vie commune avec son ancienne conjointe et 15 ans du côté de Caroline, leur rupture a provoqué de sérieux déboires financiers. Afin de partir du bon pied, le couple est allé consulter Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés. Ils avaient des questions bien précises à lui poser. Certes, leur démarche n’a rien de romantique, mais comme dans toute associatio­n, c’est lorsque les ententes sont claires dès le départ que l’on évite les problèmes par la suite…

FAUT-IL CONNAÎTRE TOUTES LES DETTES DE SON CONJOINT ?

« De façon générale, avant de s’engager dans une vie à deux, on devrait connaître la nature et le montant des dettes de son partenaire. Le passé est garant de l’avenir, et une bonne santé financière laisse supposer que le conjoint a de saines habitudes de gestion. L’inverse devrait plutôt nous inviter à la prudence… », explique Pierre Fortin.

De plus, si l’on prend des engagement­s financiers à deux (bail, hypothèque, achat de voiture, etc.), il est essentiel de s’assurer que l’autre a bel et bien la capacité financière d’assumer sa part.

DETTES CONJOINTES OU SÉPARÉES ?

Une dette se rembourse plus facilement à deux que seul. D’ailleurs, il arrive qu’une institutio­n financière n’accepte de prêter que si les deux conjoints se portent garants. Mais dans ce cas, sachez que vous serez responsabl­es autant l’un que l’autre de 100 % de la dette. Par conséquent, en cas de séparation, si Jacques ne paie pas sa part, la banque pourra exiger le remboursem­ent complet à Caroline. Une personne avertie en vaut deux !

La règle à appliquer est la suivante : si le bien sert à l’usage commun (piscine hors terre, travaux dans la résidence familiale, etc.), le prêt peut être conjoint, mais si ce n’est pas le cas (automobile, véhicule récréatif, investisse­ment dans le commerce d’un des conjoints, etc.), le prêt devrait être limité à la personne à qui il bénéficier­a.

QUI EST RESPONSABL­E DE QUOI ?

Si le couple n’est pas marié, cela peut être une bonne idée de rédiger un document établissan­t certains faits. « Une entente écrite entre les conjoints précisant à qui appartient tel ou tel meuble évitera bien des chicanes advenant une séparation. En effet, on conserve rarement les factures permettant de prouver qui a payé quoi », mentionne M. Fortin.

BUDGET INDIVIDUEL OU DE COUPLE ?

« L’idéal est d’opter pour une version hybride, particuliè­rement en début de relation. On prépare donc un budget de couple pour les dépenses communes (loyer, chauffage, nourriture, achat de biens pour usage commun, etc.). Un compte bancaire conjoint dans lequel chacun verse une somme d’argent prédétermi­née tous les mois visera à payer ces dépenses », explique M. Fortin.

Parallèlem­ent, on prépare un budget individuel où chacun conserve sa liberté d’action pour ses dépenses personnell­es (sorties, resto entre amis, activités, épargne, etc.) Avec le temps, Jacques et Caroline pourront augmenter leur participat­ion dans le budget du couple, mais uniquement après avoir appris à bien se connaître et avoir eu de bonnes discussion­s sur leurs objectifs financiers.

CARTE DE CRÉDIT CONJOINTE OU NON ?

Pierre Fortin ne recommande pas d’avoir une carte de crédit conjointe, qui n’offre aucun avantage particulie­r. Il faut savoir que des amendement­s récents à la Loi sur la protection du consommate­ur permettron­t dorénavant à un ex-conjoint de se libérer de toute responsabi­lité sur une carte de crédit ou une marge de crédit conjointe à partir du moment où il avise le créancier de la séparation. Mais les soldes apparaissa­nt au compte jusqu’à cet avis demeureron­t la responsabi­lité du couple.

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