QUELQUES SEMAINES POUR CHANGER D’IDÉE
Son entraîneur tentera de repousser la retraite d’Alex Harvey au-delà de 2019
SEEFELD, AUTRICHE | Un séjour à Seefeld permet à Alex Harvey de projeter que c’est ici que se terminera sa carrière avec les championnats mondiaux de l’an prochain. Sauf si son entraîneur Louis Bouchard réussit son plan de repousser sa retraite jusqu’aux Jeux olympiques en 2022 !
l∫
Si les Jeux de Pyeongchang sont à nos portes, l’issue de la carrière du skieur québécois se décidera déjà le lendemain. En prévision du prochain cycle olympique, Bouchard soumettra au printemps tous les scénarios qu’il a imaginés afin de contrer l’idée de retraite que son protégé envisage de faire coïncider avec les finales de la Coupe du monde à Québec, du 22 au 24 mars 2019.
« Comme entraîneur, j’aimerais le garder le plus longtemps possible. Mon travail, c’est de lui offrir toutes les options. Peut-être qu’il va toutes les refuser, mais je suis certain qu’il y en a une qui va l’intéresser. Il ne peut pas quitter le monde du sport de cette façon. Il aime trop ça », prétend Bouchard, en marge de la Coupe du monde en Autriche, dernier arrêt de la caravane avant les Jeux.
« JE NE SERAIS PAS BIEN »
Année sabbatique ? Demi-saison ? Entraînement prolongé au Québec tout en jouant un rôle de mentor auprès de la relève ? De toute évidence, ça prendra une liste d’arguments habilement ficelée pour inciter Harvey à changer sa décision.
« On en a déjà parlé. Mais pour moi, ça voudrait dire de sacrifier trop de préparation qui est essentielle », dit l’athlète de 29 ans, citant notamment les soins de physio et de massage dont il dispose quasi au quotidien avec l’équipe.
« Je sais ce dont j’ai besoin pour être à mon meilleur. Ça implique d’être parti la saison complète afin de diminuer les effets du décalage horaire, ce qui me permet de ne pas perdre de journées d’entraînement. Quand je suis ici (en Europe), je peux me concentrer uniquement sur le sport et je ne serais pas bien en commençant à sacrifier ces choses-là. Ce n’est pas moi. Jusqu’à maintenant, même si je n’obtenais aucun podium durant une saison, je me dirais quand même que j’ai tout essayé pour gagner ou à tout le moins faire un top 5 », explique l’athlète de Saint-Ferréol, en rappelant l’importance d’aligner des courses « avant d’entrer dans le vif de la saison ».
D’AUTRES PROJETS
Il existe des raisons purement sportives pour étoffer son intention d’arrêter, que même un titre de champion du monde en 2017 et sa troisième place récente au Tour de ski n’ont pas réussi à atténuer. Dans sa réflexion, il y a aussi l’attrait de mener une vie plus normale avec l’objectif de compléter durant l’année 2019 ses études en droit, et ensuite son barreau. Puis, avant longtemps, commencer une famille.
« Ce n’est pas parce que j’aime moins ce que je fais, ne serait-ce que 1 % de moins. C’est juste que je vois qu’il y a beaucoup d’autres choses que j’ai aussi envie de faire », partage-t-il.
« Je ne veux pas des mauvais souvenirs de mes deux ou trois dernières années parce que je les aurai trouvées trop longues. Je veux seulement conserver de bons souvenirs. C’est pour ça que l’année 2019 ressemble vraiment à une date parfaite pour moi. »
LA PORTE ENTROUVERTE
Louis Bouchard apparaît assez confiant avec ses arguments de vente qui pourraient inciter Harvey à participer à ses quatrièmes Jeux olympiques à Pékin. « S’il aime encore ça, s’il est heureux et qu’on lui trouve des accommodements... »
« La porte n’est pas fermée complètement, mais ça va prendre de bons arguments, répète Harvey. Peut-être aussi que je peux me lever un matin et me dire que j’ai encore beaucoup à donner. Mais en ce moment, si je me projette dans un an, ce sera la retraite. »
Remporter une médaille olympique ne représente plus le seul défi de l’entraîneur durant les prochaines semaines.