Le Journal de Montreal

Des compagnies en manque de cette matière recyclable

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Pendant que le verre récupéré au Québec finit à la poubelle, les conditionn­eurs de verre et les fabricants de contenants doivent importer leur matière première de l’étranger.

C’est le cas d’Owens-Illinois, le premier fabricant d’emballages en verre au monde, qui opère une usine dans le quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal. Alors qu’en Italie, la compagnie intègre 80 % de verre recyclé à la fabricatio­n de nouveaux contenants, ici elle peine à atteindre les 30 %.

2M Ressources est le principal fournisseu­r d’Owens-Illinois. Mais pour répondre à la demande du géant verrier, la PME doit elle aussi s’approvisio­nner à l’étranger et a dû investir 6 millions $ depuis 2013 pour parvenir à traiter le verre contaminé des centres de tri.

MODERNISAT­ION

Pour offrir du verre de meilleure qualité aux conditionn­eurs et aux recycleurs, Éco-Entreprise Québec, l’organisme qui finance la collecte sélective, a annoncé un plan d’investisse­ment de 6,7 M$ l’été dernier, afin de moderniser les centres de tri.

Le plan consiste à ajouter une ligne de tri pour extraire le verre, explique Karel Ménard du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

Le problème, dit-il, c’est que l’ajout de cette ligne coûte jusqu’à 1 M$ pour les plus gros centres de tri.

« A-t-on les moyens de faire ça pour tous les centres de tri ? J’en doute », souffle M. Ménard.

Son organisati­on milite plutôt pour changer notre façon de trier à la source en instaurant une consigne des bouteilles de vins et de spiritueux et en mettant des cloches de récupérati­on à la dispositio­n des citoyens, comme cela se fait en Europe avec succès.

CONSIGNER LE VERRE

Les syndicats réclament eux aussi la consigne, qui, en plus de protéger l’environnem­ent, est créatrice d’emploi, disent-ils.

« Nous sommes une des seules provinces au pays à ne pas avoir de consigne sur les bouteilles de vin et de spiritueux et on voit où ça nous a menés, avec des taux faméliques de recyclage et de récupérati­on », gronde le président du SCFP-Québec, Denis Bolduc.

Interpellé­e à plusieurs reprises au fil des ans, la Société des alcools du Québec (SAQ), qui a vendu 218 millions de bouteilles en 2015-2016, s’est toujours opposée à la consigne, qu’elle juge trop coûteuse.

En 2014, la société d’État indiquait qu’il faudrait investir 250 M$ sur cinq ans pour instaurer la consigne dans ses succursale­s. Huit ans plus tôt, elle évaluait que la consigne coûterait 36 M$ pour être implantée, puis 25 M$ en coûts annuels.

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