Le Journal de Montreal

La résurrecti­on inattendue du « Cavaliere » Berlusconi

- LJUBOMIR MILSIN

ROME | (AFP) On le disait politiquem­ent mort, en déclin inexorable, mais Silvio Berlusconi, 81 ans, est de retour sur le devant de la scène politique italienne, à un mois d’élections législativ­es qu’il entend bien gagner, à droite toute.

Mais le « caïman », l’un de ses nombreux surnoms, revient de loin. « Forza Italia » (FI), le parti de M. Berlusconi, « a eu ces dernières années un leader qui, pour diverses raisons, n’a pas été très présent sur le marché électoral », rappelle Antonio Noto, directeur d’un institut de sondage italien.

Et pour cause. Entre ses problèmes judiciaire­s – il est inéligible pour fraude fiscale depuis 2013 –, de santé – une opération à coeur ouvert en 2016 –, la perte de son club – l’AC Milan vendu aux Chinois – et les attaques du géant français Vivendi contre son propre empire médiatique Mediaset, Silvio Berlusconi a été absent de la scène politique nationale.

« Cette absence du leader a certaineme­nt entraîné un passage de votes depuis FI vers le Mouvement 5 étoiles (populiste). Aujourd’hui, Berlusconi reprend une partie de cet électorat », assure M. Noto.

Il y a un an, en février 2017, FI plafonnait aux alentours de 12 %, un point de moins que son allié et concurrent à droite, la Ligue du Nord (LN) de Matteo Salvini, parti d’extrême droite.

Aujourd’hui, FI recueille plus de 18 % des intentions de vote contre environ 13 % pour LN, selon les sondages.

ACCORD

L’enjeu est de taille, car FI et LN, les deux piliers de la coalition de quatre partis de droite et d’extrême droite, ont un accord : le parti qui prend ne serait-ce qu’une voix de plus que l’autre désignera le futur chef du gouverneme­nt.

Et les sondages actuels disent que s’il y a un camp politique en mesure, peutêtre, de remporter la majorité des sièges du parlement, c’est celui de droite. Ni la gauche ni les populistes ne s’en rapprochen­t aujourd’hui.

Silvio Berlusconi, 81 ans depuis septembre dernier, a longtemps fait du contrôle de son image une obsession, n’hésitant pas à recourir à des implants capillaire­s ou de multiples liftings. Et s’il n’a pas renoncé à contrôler cette image, il joue désormais sur un autre registre.

« SAGESSE »

« Il cherche à faire passer le message que la vieillesse n’est pas un moment de déclin et de décadence, mais une phase de la vie pleine de sagesse et d’expérience », estime M. Noto, pour qui il cherche ainsi à « renouer un lien sentimenta­l avec son électorat classique », qui a vieilli avec lui.

Sa santé a pourtant suscité des inquiétude­s au sein de son parti ces derniers jours, Silvio Berlusconi ayant annulé sa participat­ion à plusieurs émissions télévisées et radiophoni­ques alors que la campagne électorale bat son plein.

« Le seul qui puisse y arriver [à remporter des voix] depuis son lit d’hôpital est Silvio Berlusconi. D’autant plus, maintenant, qu’il ne va pas bien et qu’il génère une vague de sympathie dans le peuple italien », estime Roberto D’Alimonte, politologu­e.

 ?? PHOTO AFP ?? L’ancien chef de gouverneme­nt Silvio Berlusconi, lors de son passage sur le plateau d’une émission télé, le mois dernier.
PHOTO AFP L’ancien chef de gouverneme­nt Silvio Berlusconi, lors de son passage sur le plateau d’une émission télé, le mois dernier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada