Les Italiens sous le choc après une fusillade raciste
MACERATA | (AFP) L’expédition punitive contre des Africains qui a fait six blessés, samedi, à Macerata, dans le centre de l’Italie, a glacé le pays à un mois jour pour jour des législatives.
Luca Traini, un agent de sécurité de 28 ans, a vidé samedi matin deux chargeurs avec un pistolet semi-automatique dans les rues de Macerata, une ville de 43 000 habitants près de la côte Adriatique, blessant cinq hommes et une femme originaires du Mali, du Ghana et du Nigeria.
Le jeune homme, crâne rasé et tatouage d’inspiration fasciste sur la tempe, a expliqué son geste en invoquant l’arrestation d’un Nigérian soupçonné d’avoir assassiné une jeune fille de 18 ans.
« J’étais en train de me rendre en voiture à mon club de gym quand j’ai entendu à la radio l’histoire de la jeune fille de 18 ans. D’instinct, j’ai fait demi-tour, je suis rentré chez moi, j’ai ouvert mon coffre-fort et j’ai pris le pistolet. J’ai décidé de tous les tuer », a raconté aux enquêteurs Luca Traini, cité par le journal Il Corriere della Sera.
EXTRÉMISTE ET DÉSÉQUILIBRÉ
Cet agent de sécurité a passé la nuit dans la prison de la région où se trouve également le Nigérian demandeur d’asile et
dealer soupçonné d’avoir assassiné cette semaine Pamela Mastropietro et d’avoir découpé son corps en morceaux.
Selon Francesco Clerico, propriétaire d’un club de gym de Macerata qui avait exclu Luca Traini en raison de son comportement extrémiste et déséquilibré, ce dernier « était tellement mal qu’il était allé voir un psychiatre », a-t-il confié au Corriere della Sera. Un exemplaire de Mein Kampf, un livre d’histoire sur Benito Mussolini, un magazine sur la jeunesse fasciste ou encore des croix celtiques ont été retrouvés dans une chambre au domicile de sa mère.
« INVASION MIGRATOIRE »
À un mois des législatives du 4 mars à l’issue très incertaine, mais marquées par une montée de la droite, ce fait divers inquiète.
Luca Traini s’était présenté aux municipales l’an dernier sous l’étiquette de la Ligue du Nord (LN), parti d’extrême droite et anti-immigration proche du Front national français.
Le leader de la Ligue, Matteo Salvini, a certes condamné samedi le geste de Luca Traini, mais pour aussitôt dénoncer l’« invasion migratoire » source d’« affrontement social ».
Son allié au centre droit, l’ancien premier ministre Silvio Berlusconi, a souligné hier le « problème de sécurité » que pose, selon lui, ce qui s’est produit à Macerata. L’immigration en Italie est une « bombe sociale prête à exploser », a-t-il affirmé.