Un jeune talent qui divise les recruteurs
Le jeu défensif de Ryan Merkley soulève des interrogations
QUÉBEC | Ryan Merkley n’est pas dupe. Contrairement à la majorité des joueurs, entraîneurs ou dirigeants, lui, il avoue prendre connaissance de ce que les médias écrivent à son sujet. Il sait très bien qu’il est sans l’ombre d’un doute l’espoir en vue du prochain repêchage de la LNH qui divise le plus la communauté des recruteurs de la LNH.
S’il ne fallait juger que sur les habiletés individuelles, le défenseur du Storm de Guelph serait probablement un choix dans le top 5 au prochain repêchage. Défenseur offensif, il compte 58 points en 49 matchs cette saison.
Le travail des recruteurs ne se limite toutefois pas simplement à évaluer le talent en attaque d’un joueur ou à se baser sur ses statistiques offensives pour tirer une conclusion.
Plusieurs aspects du jeu de Merkley n’ayant rien à voir avec sa touche offensive soulèvent certaines questions chez les recruteurs. Son différentiel de -19, malgré ses 58 points, en chicote quelues-uns, notamment.
Si certains classements indépendants continuent de le placer dans le top 10 des meilleurs espoirs en vue du repêchage à Dallas en juin, la Centrale de recrutement de la LNH l’a placé au 21e rang chez les patineurs nord-américains sur sa liste de mi-saison. Selon elle, donc, il sera un choix de fin de première ronde.
« Ce serait facile pour moi de dire que je ne regarde pas ça, mais les classements sont un peu partout, sur internet et à la télévision. C’est l’opinion de certaines personnes et tu n’y peux rien. Personnellement, ça me fait rire. Tu lis certains commentaires de gens qui m’adorent et, tout de suite après, d’autres qui me détestent », a lancé en entrevue au Journal celui qui avait été le premier choix au total du repêchage de la Ligue de l’Ontario en 2016.
PROGRESSION
Il n’y a pas que le jeu défensif qui est critiqué chez Merkley. De trop longues présences sur la patinoire ou sa difficulté à gérer ses émotions ont parfois fait rager ses entraîneurs.
George Burnett en est à sa première année à la barre du Storm, après avoir succédé à Jarrod Skalde. Ce dernier, d’ailleurs, n’en est pas à une première expérience avec un défenseur bourré de talents sur le plan offensif, mais dont le travail en zone défensive inquiète.
De 2005 à 2009, il a dirigé avec les Bulls de Belleville un certain P.K. Subban.
Pour l’entraîneur d’expérience, il est important de se rappeler que ces jeunes surdoués ne sont encore que des adolescents.
« Ryan possède des habiletés formidables en attaque et un coffre d’outils qui en fait un joueur spécial. Il a toutefois beaucoup d’autres choses à travailler et il doit apprendre à devenir plus fiable en défensive. Par contre, il comprend et accepte cette réalité. Plusieurs équipes de la LNH l’ont rencontré et lui ont toutes fait les mêmes reproches. Il ne faut pas oublier que ces jeunes n’ont que 17 ans. Il est normal qu’ils rencontrent des embûches en cours de route. »
UTILISER SES FORCES
L’entraîneur préfère se concentrer sur les forces de son petit défenseur, plutôt que sur ses carences.
« On n’a pas l’intention de le mettre en laisse. Il est le passeur ultime et parfois j’aimerais même qu’il soit un peu plus égoïste et qu’il lance la rondelle davantage au filet, car il peut marquer. Il est en train de prendre de la maturité. Il sait qu’il doit travailler sur certains aspects de son jeu, mais de notre côté, on ne veut surtout pas limiter sa créativité. »
Dans l’histoire récente, plusieurs joueurs de grand talent ont glissé rigoureusement le jour du repêchage pour plusieurs raisons. On n’a qu’à penser à Jakob Chychrun, Mathew Barzal ou Eeli Tolvanen.
Merkley pourrait fort bien être le prochain, et l’équipe qui le sélectionnera pourrait en retirer des bénéfices substantiels.