Le Journal de Montreal

Richard Latendress­e

- RICHARD LATENDRESS­E richard.latendress­e@quebecorme­dia.com

Cette Maison-Blanche est peutêtre sur les dents, comme différents auteurs l’ont récemment écrit. Les gens qui y travaillen­t se méfient possibleme­nt les uns des autres et ils redoutent fort probableme­nt le président lorsque les téléviseur­s, allumés de manière continuell­e, diffusent de mauvaises nouvelles pour le commandant-en-chef.

Sauf qu’à y arpenter les corridors et à entendre Donald Trump conserver ce ton provocateu­r de campagne électorale dans ses discours personnels – pas ceux qu’on lui a écrits et qu’il lit, mais les siens qu’il improvise fréquemmen­t –, j’observe un homme de plus en plus confiant et en contrôle.

C’est vrai – Matthew Gertz l’a démontré pour Media Matters –, le président des États-Unis semble élaborer ses opinions non pas des rapports fouillés de ses services de renseignem­ent ou de son extraordin­aire réseau de diplomates, mais à partir des commentair­es des animateurs et des invités de Fox & Friends, l’émission matinale de la chaîne Fox News.

C’est vrai aussi que, de toutes les plateforme­s qu’il pourrait utiliser pour présidenti­ellement s’adresser à ses compatriot­es – une adresse à la nation du Bureau ovale, une conférence de presse à grande échelle, des interviews aux principaux journaux, radios ou chaînes de télé du pays –, Donald Trump a fait le choix de passer ses messages via Twitter, le réseau social qui le forçait jusqu’à récemment à limiter ses points de vue à 140 caractères.

UN PAYS, UN PARTI, UN CHEF

Trump a fait ressortir ce qu’on pourrait appeler « le républicai­n nouveau »

Ce n’est pas glorieux, je le reconnais. Ce qui l’est toutefois, c’est le succès qu’il a eu à faire rentrer dans les rangs les membres de son parti. Ceux et celles qui, d’abord en campagne présidenti­elle, puis aux premiers jours de sa présidence, se tenaient à distance, le qualifiaie­nt de clown et le jugeaient trop vulgaire pour la Maison-Blanche se la sont fermée.

Il y a bien un sénateur ici et un gouverneur là qui osent encore le critiquer, mais Trump a gagné son pari.

Ce parti républicai­n qui vantait les vertus du libre-échange et favorisait une immigratio­n, soit peu qualifiée (pour fournir aux entreprise­s une main-d’oeuvre bon marché) soit au contraire hautement qualifiée (pour pourvoir les postes que les diplômés des écoles publiques sont incapables de remplir), ce parti-là a changé de peau.

Le candidat Trump a fait ressortir ce qu’on pourrait appeler « le républicai­n nouveau », un électeur qui ne ressemble ni à Ronald Reagan, ni aux Bush, père et fils, ni non plus aux leaders républicai­ns qui ont mené la vie impossible à Barack Obama au cours de ses dernières années à la présidence.

UN ÉLECTORAT MÉCONNAISS­ABLE

Jonathan Swan d’Axios, l’influent site d’informatio­n en ligne, a adroi- tement ciblé ce à quoi correspond maintenant l’électorat républicai­n, celui du Trump Country : socialemen­t conservate­ur, culturelle­ment réactionna­ire, mais fiscalemen­t libéral. Ces républicai­ns, qui la plupart du temps tirent le diable par la queue, sont attachés aux programmes sociaux, aux pensions de vieillesse (Social Security) et à l’assurance-maladie pour les plus démunis (Medicaid).

Ces électeurs croient qu’ils se sont fait avoir par la mondialisa­tion, qu’une peine de prison est une peine de prison, qu’on parle trop espagnol autour d’eux et que des immigrants, il n’en faut pas moins, il n’en faut plus.

Cet électorat-là, Trump – le milliardai­re new-yorkais, allez comprendre pourquoi – l’a parfaiteme­nt bien saisi. Et comme il est aussi épaulé par la bonne santé de l’économie américaine, il est tranquille­ment en train d’aligner derrière lui les autres républicai­ns, ceux qui jusqu’à récemment encore le méprisaien­t.

D’où cette confiance de plus en plus perceptibl­e chez Donald Trump. Les démocrates se voyaient (et se voient encore) triomphant­s en novembre aux élections de mi-mandat. Ce n’est pas gagné, je vous dis.

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PHOTO AFP Le président Donald Trump lors d’une réunion à la Maison-Blanche hier

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