Le Journal de Montreal

Mario Dumont

- MARIO DUMONT mario.dumont @quebecorme­dia.com

Tous imposteurs ?

Des acteurs demandent que de vrais policiers soient bannis des plateaux de tournage parce qu’ils voleraient leur boulot. Voilà un réflexe typique : le gouverneme­nt ou une « autorité » quelconque devrait bloquer les autres pour me protéger. Des policiers qui tiennent le rôle de policiers dans un film ou une série seraient des imposteurs, des voleurs d’emploi.

Au cours des dernières années, nous avons vu ces exemples partout. Les taxis ne veulent voir ni Uber ni du covoiturag­e. Ils veulent être les seuls à conduire des gens. Des particulie­rs qui font des réceptions gastronomi­ques à la maison pour arrondir leurs fins de mois se font attaquer par les « vrais restaurate­urs ». Ces imposteurs ne devraient pas exister.

Dans le milieu scolaire, nous avons vu une énorme résistance à la participat­ion des parents aux activités de rénovation mineures, comme la peinture des écoles. LA CCQ a débarqué pour punir ces parents imposteurs. La CCQ répondait aux plaintes de gens de l’industrie choqués de voir agir ces « voleurs de jobs ».

UNE TENDANCE INÉVITABLE

Avec le développem­ent des réseaux sociaux, nous verrons de plus en plus d’exemples d’économie collaborat­ive. Les citoyens sont à la recherche de solutions pour régler leur problème à un moindre coût.

Et nous comprenons de moins en moins la justificat­ion d’un gouverneme­nt qui vient empêcher la collaborat­ion au nom de la protection d’un groupe. Pensez à la réaction des jeunes génération­s qui massivemen­t demandaien­t au gouverneme­nt de laisser Uber mener ses opérations.

Je rappellera­i quelques principes. Un gouverneme­nt n’est pas là pour protéger un groupe de travailleu­rs au détriment des autres. Le gouverneme­nt doit protéger LE PUBLIC.

Dans un domaine comme les soins de santé, on encadrera la pratique des profession­s pour protéger le public. On ne laissera pas des charlatans vous jouer dans le système ou vous prescrire des médicament­s. La protection du public existe dans beaucoup de sphères allant des services financiers jusqu’au Code du bâtiment.

LE PUBLIC DÉCIDE

Mais soyons sérieux : on ne va quand même pas penser à interdire que des policiers jouent des rôles de figurants dans des séries policières au nom de la protection du public ! Ou que de vraies infirmière­s jouent un rôle d’infirmière dans un film en milieu hospitalie­r. Si les comédiens sont poches, le public va se protéger lui-même en changeant de poste. Le producteur et le diffuseur vont manger leurs bas.

Ces acteurs sans travail et déçus revendique­nt aussi que l’Union des artistes les protège. Or l’UDA est un syndicat ouvert. Tout citoyen qui en vient à faire des apparition­s à la télé va signer des contrats UDA qui donnent des crédits. À 30 crédits, vous êtes membre. L’UDA va-t-elle discrimine­r entre ses membres ? Ne pas défendre le membre X, même s’il paye ses cotisation­s, parce qu’il est un policier plutôt qu’un diplômé du Conservato­ire ? Indéfendab­le.

Ce qui devrait protéger une personne formée et expériment­ée, c’est sa compétence. Il vaudrait mieux miser là-dessus plutôt que de chercher des protection­s d’un autre siècle.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada