Le Journal de Montreal

Comment prévoir qu’un terroriste va agir ?

Ottawa a suivi une centaine de terroriste­s pour mieux comprendre

- MAXIME HUARD

OTTAWA | Dans la foulée des attentats d’Ottawa et de SaintJean-sur-Richelieu en 2014, le Service canadien du renseignem­ent de sécurité (SCRS) a étudié le parcours d’une centaine de djihadiste­s pour identifier les signes précurseur­s du terrorisme. Afin d’aider les espions canadiens et de sensibilis­er le public, un rapport publié cette semaine dresse le portrait de ceux qui basculent dans la violence. Voici cinq traits qui les caractéris­ent.

1 Un an de préparatif­s Avant de passer à l’acte, un extrémiste va changer de comporteme­nt sur une période d’environ 12 mois. Au départ, les changement­s sont mineurs, comme le début d’un programme d’entraîneme­nt physique. Puis, les activités financière­s inhabituel­les se multiplien­t : certains remplissen­t leur carte de crédit, d’autres vendent leurs effets personnels pour trouver les fonds nécessaire­s à leurs plans. Dans les derniers mois, un terroriste potentiel va par exemple rédiger son testament, en plus de faire les démarches finales à son projet, comme l’achat d’un billet d’avion.

2 Des fuites d’informatio­n Dans presque tous les cas de préparatio­n d’acte terroriste, les gens radicalisé­s commettent des « indiscréti­ons » qui trahissent leurs intentions. « Les membres de l’entourage des Canadiens qui se mobilisent observent des activités et des comporteme­nts qui révèlent la mobilisati­on imminente à la violence », indique le rapport. D’après le SCRS, ces « fuites » sont presque impossible­s à éviter pour quelqu’un qui planifie un attentat ou un voyage pour aller combattre à l’étranger. 3 Des plans qui changent subitement Les extrémiste­s rencontren­t souvent des obstacles dans leurs démarches, ce qui les oblige à changer leurs plans. Par exemple, quelqu’un qui souhaite aller faire le djihad à l’étranger, mais qui se fait saisir son passeport, peut brusquemen­t se raviser et décider de commettre un attentat au Canada. « Un tel changement d’orientatio­n peut être rapide et soudain, parce que l’individu qui se mobilise devient frustré », note le rapport.

4 Mobilisati­on en

groupe Puisque les jeunes ont moins de revenus et n’ont pas toujours accès à un passeport, ils ont davantage besoin d’un réseau pour parvenir à leurs fins. Selon le SCRS, 80 % des moins de 20 ans se mobilisent en groupe. Quant aux femmes, elles ne se mobilisent jamais seules. Les liens amoureux et amicaux sont plus importants dans leurs démarches, mais le SCRS précise qu’elles ne cherchent pas juste à soutenir des combattant­s masculins.

5 Pas nécessaire­ment de passé

criminel Les terroriste­s qui passent à l’acte n’ont pas nécessaire­ment de passé criminel. Seuls 27 % des Canadiens qui se mobilisent ont des dossiers, observe le SCRS. L’agence de surveillan­ce n’a d’ailleurs constaté aucun lien entre la violence des antécédent­s criminels et la planificat­ion d’un acte terroriste.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Le périmètre de sécurité au lendemain des attentats d’Ottawa, le 23 octobre 2014. La GRC a divulgué une vidéo de Michael Zéhaf Bibeau, enregistré­e peu de temps avant qu’il ne commente l’attentat d’Ottawa.
PHOTOS D’ARCHIVES Le périmètre de sécurité au lendemain des attentats d’Ottawa, le 23 octobre 2014. La GRC a divulgué une vidéo de Michael Zéhaf Bibeau, enregistré­e peu de temps avant qu’il ne commente l’attentat d’Ottawa.
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 ??  ?? Michael Zéhaf Bibeau
Michael Zéhaf Bibeau

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