Le Journal de Montreal

Plus d’employées à temps partiel depuis cinq ans

- HUGO DUCHAINE

Quatre infirmière­s sur cinq qui ont commencé à travailler l’an dernier ont seulement trouvé un emploi à temps partiel, déplore l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec (OIIQ).

« C’est vraiment énorme », s’étonne la présidente Lucie Tremblay, ajoutant que les nouvelles infirmière­s se retrouvent ainsi dans une situation précaire.

Pourtant, il y a cinq ans, ajoute-telle, c’est seulement la moitié des nouvelles infirmière­s qui entraient sur le marché du travail à temps partiel.

« On se pose des questions », poursuit Mme Tremblay. Cette augmentati­on « significat­ive », dit-elle, n’encourage pas les infirmière­s à rester dans leur profession.

EFFECTIF INFIRMIER

D’ailleurs, le Rapport statistiqu­e sur l’effectif infirmier 2016-2017 de l’OIIQ montre également que plusieurs régions ont perdu des postes d’infirmière­s à temps complet au profit de postes à temps partiel. Le pourcentag­e de postes à temps complet a d’ailleurs baissé à l’échelle provincial­e.

À Montréal par exemple, il y a environ 100 infirmière­s de moins en temps complet qu’en 2012, mais près de 700 infirmière­s de plus à temps partiel. La région de la Mauricie a quant à elle perdu environ 80 infirmière­s à temps complet, pour se retrouver avec 80 de plus à temps partiel depuis cinq ans.

Il s’agit d’une situation anormale et inquiétant­e pour le trésorier de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ), Roberto Bomba, surtout que son syndicat milite pour que davantage de postes à temps partiel deviennent des temps complets.

La situation pourrait s’améliorer prochainem­ent selon le porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Mauricie, Guillaume Cliche, qui dit que jusqu’à 500 postes à temps partiel seront offerts à temps complet aux infirmière­s qui le souhaitent, notamment.

MÈRES EN LARMES

Ces chiffres sont connus au moment où le manque de personnel infirmier, les heures supplément­aires obligatoir­es et la détresse des infirmière­s sont au coeur de l’actualité.

« J’ai été témoin de ce que le personnel pouvait endurer [...], j’ai vu des gens travailler deux jours d’affilée, des femmes enceintes devoir rentrer au travail [malgré un retrait préventif] et des mères avec les larmes qui coulent au téléphone avec leur enfant parce qu’elles doivent rester travailler », déplore d’ailleurs Kathie Poliquin, une patiente hospitalis­ée pendant près de 10 jours dans le couloir de l’hôpital de Terrebonne.

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