Le Journal de Montreal

L’accusé de Concordia était surmédicam­enté

- MICHAËL NGUYEN Le procès, devant la juge Mélanie Hébert, se poursuit demain. Elle pourrait alors annoncer si l’interrogat­oire pourra être utilisé ou non par les avocats.

L’étudiant de Concordia qui a lancé une fausse alerte à la bombe le jour d’un examen avait pris de fortes doses d’antidépres­seurs et d’antipsycho­tiques, a-t-il expliqué à la cour hier.

« Pendant la période d’examen, je prenais le triple de la dose prescrite, trois pilules au lieu d’une », a affirmé Hisham Saadi au deuxième jour de son procès au palais de justice de Montréal.

MENACES

Saadi, 48 ans, est accusé d’avoir fait craindre à des activités terroriste­s, de méfait et de menaces, relativeme­nt à une missive à connotatio­n raciste envoyée aux médias le 1er mars 2017.

« On va faire EXPLOSER quotidienn­ement de petits engins artisanaux amateurs […] où les musulmans passent leur temps », indiquait la lettre signée au nom du Council of conservati­ve citizens of Canada.

La lettre promettait de blesser des musulmans, alors que Saadi lui-même pratique cette religion.

Dès le début du procès, il a admis être l’auteur des lettres, et de les avoir envoyées à différents médias. L’Université avait dû fermer pendant plusieurs heures, forçant l’annulation de l’examen de Saadi.

« HUMILIANT »

Les policiers avaient rapidement retrouvé Saadi. Il avait été arrêté le soir même, chez lui, alors qu’il était en sous-vêtements. Il a été interrogé vêtu d’une combinaiso­n beaucoup trop petite, laissant apparaître son ventre et ses sous-vêtements. « Ce n’était pas rigolo, c’était humiliant », a témoigné Saadi hier en tentant de faire déclarer inadmissib­le en preuve tout son interrogat­oire.

Il a affirmé qu’en regardant la vidéo à la cour, il ne se reconnaiss­ait pas.

« Même si je semble normal, ce n’est pas moi », a-t-il affirmé à la cour, hier.

Son avocate, Caroline Braun, a d’ailleurs souligné qu’à ce moment, Saadi manquait de sommeil, qu’il n’avait pratiqueme­nt rien mangé de la journée, et que l’enquêteur avait placé son client dans un « climat d’oppression très subtil ».

Saadi n’a jamais admis durant l’interrogat­oire être l’auteur des lettres.

À un moment, l’enquêteur lui a demandé s’il avait envoyé cette lettre afin d’éviter de passer son examen, mais Saadi a tout nié. S’il voulait manquer l’examen, il aurait été chez le médecin, a-t-il répondu.

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HISHAM SAADI Accusé

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