Le Journal de Montreal

Un instant, dit Mazda

- FRÉDÉRIC MERCIER

La voiture électrique est-elle vraiment une solution viable à la lutte contre les changement­s climatique­s? Pas nécessaire­ment, selon Mazda.

Pendant qu’à peu près tous les gouverneme­nts du monde occidental tentent de convaincre leur population de se tourner vers les véhicules électrique­s à coups de subvention­s et de réglementa­tions, Mazda continue de douter de la pertinence de telles mesures.

N’offrant encore aucun modèle hybride ou électrique sur le continent nord-américain, Mazda entend plutôt continuer de développer ses moteurs à essence de façon à les rendre de plus en plus écoénergét­iques. À un point où ils pourraient même être plus «propres» que des véhicules électrique­s.

Pour justifier ce propos, Mazda fait référence à un concept baptisé « Well to Wheel », c’est-à-dire du puits de pétrole jusqu’à la voiture, ou « puits à la roue ». On veut donc considérer les émissions de CO2 d’un véhicule pour l’ensemble de son cycle de vie, et non pas juste quand il roule. Logique. Même si un véhicule électrique n’émet aucun gaz à effet de serre quand il se déplace, sa fabricatio­n et celle de ses batteries ne se font pas par magie.

Même chose pour la production de l’électricit­é qui fait avancer ces véhicules. « Au Québec, vous avez l’hydroélect­ricité. C’est merveilleu­x, convient Robert Davis, vice-président senior aux missions spéciales chez la division nord-américaine de Mazda. Sauf qu’aux États-Unis, la production d’électricit­é n’est souvent pas renouvelab­le. Et on respire tous le même air », rappelle-t-il.

OUI, MAIS PAS TOUT DE SUITE

Pour arriver à fabriquer des véhicules plus propres du «puits à la roue», Mazda a élaboré un plan drôlement baptisé « Sustainabl­e Zoom-Zoom 2030 ». On y indique qu’on veut réduire les émissions de CO2 de l’entreprise de 50% d’ici 2030 et de 90% d’ici 2050.

On espère notamment y parvenir en continuant d’investir dans le développem­ent de moteurs à essence plus efficaces. On en a récemment eu un exemple concret lors de notre premier contact avec le nouveau moteur Skyactiv-X., qui promet une baisse substantie­lle de la consommati­on d’essence et de l’émission de CO2.

En parallèle au développem­ent de ce nouveau moteur, Mazda entend aussi entamer la commercial­isation d’au moins un modèle électrifié d’ici 2019. Mais attention, on spécifie qu’on le fera seulement dans des marchés où l’électricit­é est produite de façon propre. Comme au Québec, par exemple!

De toute façon, avec des subvention­s généreuses aux acheteurs de véhicules électrique­s et avec des législatio­ns comme la Loi zéro émission du Québec, les constructe­urs n’ont plus le choix de se tourner vers les véhicules électrique­s.

UNE FAÇON DE PENSER CONTESTÉE

Mazda n’est évidemment pas la première à contester l’aspect environnem­ental des véhicules électrique­s.

Et même si le constructe­ur a raison de remettre en cause la pensée magique que certains automobili­stes semblent avoir à l’égard de la technologi­e électrique, plusieurs études démontrent que même avec une énergie produite par le charbon, les véhicules électrique­s demeurent plus propres que les modèles à essence.

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PHOTO FOTOLIA Mazda n’est pas convaincu des vertus environnem­entales des véhicules électrique­s. Afin de justifier sa position, le constructe­ur s’appuie sur le concept de « Well to Wheel », c’est-à-dire du puits de pétrole jusqu’à la voiture, ou « puits à la roue ».

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