Le Journal de Montreal

Rozon se dit « exécuté »

Il a parlé d’une « espèce de folie, d’hystérie médiatique » depuis les allégation­s d’inconduite­s sexuelles

- MICHAËL NGUYEN Dans ce litige commercial, les plaidoirie­s des avocats auront lieu aujourd’hui, devant la juge Marie-Anne Paquette de la Cour supérieure du Québec.

Gilbert Rozon se dresse en victime et déplore avoir été « exécuté » à la suite des allégation­s d’inconduite­s sexuelles le concernant, a-t-il témoigné hier, à sa première apparition publique depuis l’automne.

« Il y a des allégation­s le matin, on est jugé à midi et exécuté en soirée », a lancé le fondateur et ancien patron de Juste pour rire.

Rozon témoignait dans le cadre d’un litige commercial entre Québecor et Juste pour rire, concernant la vente de l’entreprise qu’il a fondée. Son témoignage portait essentiell­ement sur des détails commerciau­x et contractue­ls, mais ça ne l’a pas empêché de parler des allégation­s d’inconduite­s sexuelles dirigées contre lui, révélées en octobre.

« La présomptio­n d’innocence est partie d’un coup sec », a-t-il dit à la cour, disant avoir fait les frais d’une « espèce de folie, d’hystérie médiatique » dans la foulée du mouvement #MoiAussi sur les réseaux sociaux.

Il était arrivé bien en avance au palais de justice de Montréal, s’isolant dans une petite pièce adjacente à la salle d’audience, affalé dans le fond de sa chaise en attendant son tour de témoigner.

« JE RÉFUTE »

À l’automne, une dizaine de femmes avaient publiqueme­nt dénoncé Rozon. Et depuis, le regroupeme­nt Les Courageuse­s a intenté une action collective contre l’ancien magnat de l’humour, lui réclamant des millions de dollars.

Il est allégué dans le document de cour que Rozon a agressé au moins 20 femmes entre 1982 et 2016.

« Je les réfute, je vais le contester, mais le temps que ça va prendre… », a-t-il lancé, semblant faire référence aux délais des tribunaux.

Des commandita­ires se sont aussi temporaire­ment retirés de Juste pour rire, a déploré Rozon.

Il a également lancé ainsi une flèche envers le gouverneme­nt du Québec qui a suspendu temporaire­ment les subvention­s de Juste pour rire tant qu’il était à la tête de l’entreprise.

« Le gouverneme­nt balaie sous le tapis la présomptio­n d’innocence, c’est un peu étrange dans un État de droit », a-t-il lancé à la cour.

TOURNER LA PAGE

Face à la tempête à laquelle il fait face, Rozon a décidé de se départir de Juste pour rire afin de « tourner la page » et ne pas nuire à la compagnie.

« J’ai le coeur déchiré », a-t-il dit relativeme­nt à la vente de ses actions, pour à nouveau réfuter fermement les allégation­s de nature sexuelle dirigées contre lui.

Il a embauché une firme afin de trouver un acheteur, mais Québecor détient un droit de première offre et de premier refus, estime l’entreprise qui est notamment propriétai­re du Journal.

« Je croyais que ce droit était terminé », a affirmé Rozon en contre-interrogat­oire.

Questionné à savoir s’il avait tenté d’élaborer avec des tiers une stratégie afin de « contourner » les droits de Québecor, Rozon est resté évasif.

« Pas comme ça, non, j’ai peut-être eu des idées […], mais pas au sens où vous l’entendez », a conclu Rozon, disant avoir même pensé « de bonne foi » à placer sa compagnie dans une fiducie sans droit de regard.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, a fait sa première apparition publique hier, au palais de justice de Montréal, depuis que les allégation­s d’inconduite­s sexuelles ont éclaté à l’automne. En témoignant dans un litige commercial avec...

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