À la rescousse des coraux
Des scientifiques au service des hôteliers se lancent dans la protection des récifs en République dominicaine
MADRID, Espagne | Des scientifiques s’apprêtent à s’installer dans certains hôtels des Caraïbes très prisés des touristes québécois afin de sauver les barrières de corail essentielles à la survie des plages.
La chaîne d’hôtels espagnole Iberostar est un des premiers hôteliers au monde à se lancer dans cette aventure, après les hôtels de luxe InterContinental. Le Journal a assisté au lancement du projet à Madrid.
« Nous devons beaucoup aux océans et nous voulons leur rendre quelque chose », a déclaré la vice-présidente du groupe, Sabina Fluxà.
Pas moins de 80 % des 110 complexes hôteliers d’Iberostar sont en bord de mer et génèrent une bonne part des 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel du groupe.
À eux seuls, les Canadiens représentent 17 % de la clientèle de la marque dans les Caraïbes et au Mexique, soit 1,2 million de touristes l’année dernière, et tous, qu’ils soient amateurs de plongée ou pas, profitent des récifs coralliens.
RÉCIFS EN PÉRIL
Réservoirs de biodiversité les plus riches de la planète, les récifs abritent 25 % de la vie marine mondiale. Ils constituent aussi des remparts naturels contre la houle et les ouragans. Sans eux, les vagues dévoreraient les plages.
Mais, « on considère qu’environ un quart des récifs coralliens mondiaux a déjà subi des dégâts irréversibles, et que deux tiers sont gravement menacés », selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Dans les Caraïbes uniquement, les récifs pourraient disparaître complètement d’ici moins de 20 ans, d’après le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
POUPONNIÈRES DE CORAUX
Dans l’espoir de renverser la vapeur, les scientifiques s’apprêtent à créer des pouponnières de coraux en pleine mer, au large des hôtels d’Iberostar. Ils s’installeront d’abord à La Romana, en République dominicaine.
Leur action consistera à prélever des morceaux de corail en mer, à les multiplier en pouponnière, puis à les transplanter dans les zones endommagées des récifs à la manière de jardiniers marins.
« C’est un peu comme planter des arbres. On fait de la reforestation », explique Luis Mota, directeur général stratégie et finances chez Iberostar.
Expérimentée depuis quelques années, la technique a donné des résultats positifs dans la Grande barrière de corail en Australie et sur les côtes du Kenya où la Banque mondiale et les Nations unies financent un projet de restauration des récifs depuis 2014.
Cet hiver, 57 % des Québécois prendront des vacances et 32 % d’entre eux iront dans le Sud, la plupart pour une semaine (37 %) dans un hôtel de type tout inclus (55 %), d’après le plus récent sondage d’intention de voyage de CAA-Québec.