Le Journal de Montreal

Drôle et actuelle

La pièce de théâtre Hurlevents porte à la réflexion

- EMMANUEL MARTINEZ Hurlevents au Théâtre Denise-Pelletier du 31 janvier au 24 février 2018.

Une comédie dramatique peut-elle être vraiment drôle ? Et si l’on rit, est-ce toujours dramatique ? La pièce Hurlevents de Fanny Britt, mise en scène par Claude Poissant au Théâtre Denise-Pelletier, réussit brillammen­t à nous bidonner tout en nous révélant les ravages que l’amour peut faire sur son passage.

Mettant aux prises des jeunes de la génération Y qui invitent leur professeur­e de littératur­e à souper, cette production marie des thèmes d’actualité comme le consenteme­nt sexuel, le féminisme radical ou la place du français face à l’anglais et des sujets intemporel­s, comme ce qu’est l’amour ou comment exercer sa liberté.

L’auteure Fanny Britt doit posséder une boule de cristal bien précieuse pour avoir visé si juste avec des débats aussi discutés dans les médias, elle qui a commencé à travailler il y a trois ans et demi sur ce projet très librement inspiré du roman Les hauts de Hurlevent, d’Emily Brontë, un classique britanniqu­e du 19e siècle.

Le récit se dénoue à bon rythme durant la première partie où les personnage­s se révèlent. Entrecoupé­es de réflexions drôles, de moments cocasses, les pièces du puzzle se mettent rapidement en place dans un climat tendu. Le monde d’Isa (Emmanuelle Lussier-Martinez) commence à s’effondrer, celui d’Émilie (interprété­e par Florence Longpré, une des vedettes de la série télévisée Like-Moi) semble fragile, tandis que la professeur­e Marie-Hélène (Catherine Trudeau) révèle un secret. De son côté, Édouard (Benoît Drouin-Germain) ressemble à un genre de Louis-José Houde, attachant, nerveux, tiraillé par mille et une questions du genre « si je lui dis qu’elle est la plus belle, n’est-ce pas hiérarchis­er la beauté et alors dévalorise­r les autres femmes ? ».

UN CLIN D’OEIL

La deuxième partie tombe dans un univers plus surréalist­e, le sort de la plupart des personnage­s ayant déjà été scellé. C’est là qu’ils apparaisse­nt brièvement habillés à la mode victorienn­e. Le clin d’oeil aux soeurs Brontë fonctionne. Cet éloignemen­t à l’histoire de base nous offre un préambule au dénouement lorsqu’on apprendra tout le poids que porte Émilie.

Pour sa trame et son texte, bien appuyée par une mise en scène clairvoyan­te, cette pièce devrait plaire autant aux Millenials qu’à leurs ainés. Drôle, dur, actuel, voilà du théâtre qui remplit sa mission.

 ?? PHOTO COURTOISIE GUNTHER GAMPER ?? Catherine Trudeau, Kim Despatis et Florence Longpré dans Hurlevents.
PHOTO COURTOISIE GUNTHER GAMPER Catherine Trudeau, Kim Despatis et Florence Longpré dans Hurlevents.

Newspapers in French

Newspapers from Canada