La détresse des proches aidants est ignorée
La fatigue et la détresse des proches aidants sont trop souvent ignorées par les gestionnaires des soins à domicile, déplorent des experts.
« Ils sont perçus comme des ressources supplémentaires, et non comme des personnes qui ont besoin d’aide », déplore le directeur général du Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal, Mario Tardif.
Pourtant, prendre soin d’un proche malade « c’est beaucoup demander », surtout à une personne qui est elle aussi âgée.
« Elle vit aussi la perte de quelqu’un », poursuit-il.
Cependant, il n’y a jamais d’évaluation des besoins d’un proche lors de la visite d’un intervenant, dit-il, à moins qu’il en prenne l’initiative.
Les CHSLD ne sont pas non plus la solution à tous les problèmes. Non seulement la liste d’attente contient près de 3000 noms, mais l’engagement du proche continue aussi, dit-il.
« INCONCEVABLE »
Pour le président du Regroupement provincial des comités d’usagers, Claude Ménard, il est tout simplement « inconcevable » qu’une personne à domicile ne puisse avoir un bain depuis 13 mois.
« C’est un besoin fondamental », dit-il, invitant du même coup les gestionnaires à prioriser certaines demandes.
Il ne s’explique cependant pas les « énormes délais » dans le traitement des demandes de soins à domicile, rappelant que le gouvernement a injecté des dizaines de millions de dollars ces dernières années.
Les personnes qui restent à domicile sont une économie majeure, selon lui, pour le réseau de la santé, cependant, sans des services de soutien adéquat, elles vont vite dépérir et perdre l’autonomie nécessaire.
TENUS POUR ACQUIS
Pour sa part, Paul Brunet du Conseil de la protection des malades est catégorique. Les proches aidants sont tenus pour acquis.
« Il faut se battre avec le CLSC [...] C’est seulement si vous vous battez que vous aurez le peu que l’on pourra vous concéder », dénoncet-il, peu surpris par la situation que vit actuellement André Bouchard.
« Les animaux du Zoo de Granby sont lavés plus souvent », tonne-t-il.