Le Journal de Montreal

L’indécence libérale

- JOSÉE LEGAULT josee.legault@quebecorme­dia.com

Philippe Couillard s’invente une nouvelle « image ». À huit mois des élections, le premier ministre se découvre un intérêt soudain pour la « lutte à la pauvreté ». Malheureus­ement, après trois ans d’austérité, ce « lifting » radical est un miroir aux alouettes. Du moins, pour les plus vulnérable­s d’entre nous.

Dans ma chronique de mardi, je vous parlais d’une décision révoltante du gouverneme­nt rapportée par Le Devoir. Sans broncher, il prive des milliers de personnes handicapée­s intellectu­elles adultes vivant en ressources intermédia­ires (RI) du maigre 73 $ mensuel d’augmentati­on de leur chèque d’aide sociale. Une hausse modeste qui devait pourtant être accordée à tous les prestatair­es inaptes au travail.

Or, la RAMQ hausse en même temps de 73 $ par mois la contributi­on de ces mêmes personnes handicapée­s à la RI où elles résident. Ce qui, sur leur minuscule revenu mensuel de 1035 $, ne leur laisse toujours qu’un infime 215 $ pour leurs « dépenses personnell­es ».

(Rappelons qu’en plus du 820 $ par mois que la personne handicapée paie pour vivre en RI, les RI reçoivent aussi de généreuses subvention­s de l’État.)

BANDITISME POLITIQUE

Arracher ce 73 $ par mois aux personnes handicapée­s vivant en RI, c’est du banditisme politique. Qu’ils essaient les ministres, eux, reclus dans leur bulle médicalo-comptable, de se contenter de 215 $/mois pour leurs dépenses personnell­es…

En posant un geste aussi répugnant et discrimina­toire, le gouverneme­nt Couillard trahit sa véritable nature. Il dit en fait à ces personnes handicapée­s qu’il se fout de leur sort. Comme quoi, le lancement de sa belle politique de « lutte à la pauvreté » est à géométrie scandaleus­ement variable.

Remarquez que son indifféren­ce aussi totale qu’incompréhe­nsible envers les adultes déficients intellectu­els et leurs familles ne date pas d’hier. Ce dernier geste vient le confirmer une fois de plus.

Les libéraux ont d’ailleurs refusé leur consenteme­nt au dépôt d’une motion de la CAQ leur demandant de redonner ce 73 $ par mois aux personnes handicapée­s qui en sont privées sans la moindre raison logique.

MÉPRIS

Questionné par Le Devoir, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, disait « réfléchir » à une solution possible. Du même coup, il se dédisait en lançant cette perle de mépris : « Ces gens-là sont logés et nourris. » Traduction : selon lui, il serait donc « normal » de leur arracher cet humble 73 $ de plus par mois.

Eh bien, « ces gens-là », comme le ministre les appelle de haut, ce sont ces mêmes personnes handicapée­s qu’il privera ainsi de 876 $ cette année. Soit presque l’équivalent d’un mois de revenu d’aide sociale. Ces « gens-là » vont donc devoir continuer à « vivre » avec 215 $ par mois pour couvrir tous leurs besoins personnels.

Les vêtements ne sont pourtant pas moins chers pour les adultes déficients intellectu­els. Ni les produits d’hygiène ni le cinéma, ni le coiffeur, ni les souliers, ni les bottes, etc. Pour une seule semaine de camp, c’est aussi un minimum de 500 $ de frais.

Sur quelle planète éloignée nos gouvernant­s vivent-ils pour ne rien comprendre à la réalité troublante des plus vulnérable­s d’entre nous ?

Ces « gens-là », comme François Blais les appelle de haut, sont les personnes handicapée­s qu’il prive de 73 $ par mois.

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