Prud’homme a refusé de piéger Ouellette
Pendant qu’il dirigeait la Sûreté du Québec, Martin Prud’homme a averti des enquêteurs de la chasse aux fuites à l’UPAC qu’il ne porterait « pas de micro » pour les aider à piéger son ami et ancien collègue policier Guy Ouellette.
C’est ce que M. Prud’homme, qui est maintenant à la tête de la police de Montréal (SPVM), a déclaré à des policiers de la Gendarmerie royale du Canada qui sont allés le questionner à deux reprises « à titre de témoin » dans cette affaire, les 11 septembre et 17 octobre derniers.
« PAS UN AGENT SOURCE »
Ces rencontres inusitées ont été tenues à sa demande, après qu’il eut appris que Guy Ouellette était soupçonné dans cette enquête, selon la déclaration assermentée d’un enquêteur de l’UPAC rendue publique hier.
M. Prud’homme a dit que Guy Ouellette et lui communiquent ensemble et ont une « relation amicale » et professionnelle « depuis 1992 », alors qu’ils étaient tous deux policiers à la SQ.
« Je ne suis pas un agent source. Je ne mettrai pas de micro », a-t-il dit d’emblée aux enquêteurs pour leur faire comprendre qu’il ne les aiderait pas à coincer le député libéral.
« Martin Prud’homme a toujours été convaincu que Guy Ouellette est un honnête policier et un honnête homme, écrit le sergent Jean-Frédérick Gagnon. M. Ouellette ne lui a jamais demandé d’informations sensibles, et jamais il n’oserait le faire. »
« SITUATION INCESTUEUSE »
Le chef du SPVM a dit savoir qu’« il y a une grosse guerre à l’UPAC ». Pour lui, il est « connu » que son beau-père et patron de l’UPAC, Robert Lafrenière, et Guy Ouellette « ne s’apprécient pas ».
Mais il serait « très surpris » que ce dernier laisse fuir de l’information sur des enquêtes actives de l’UPAC, rapporte le sergent Gagnon.
De plus, M. Prud’homme a qualifié d’« incestueuse » la situation entre la SQ et l’UPAC parce que la première prête une trentaine de ses policiers à la seconde. S’il n’en tenait qu’à l’ancien chef des « Verts », il aurait retiré ses membres de l’UPAC et souhaiterait que celle-ci devienne « une entité totalement autonome », selon le document de cour.
Craignant lui-même des fuites, Martin Prud’homme espérait que ces rencontres demeurent secrètes, refusant de signer une « déclaration formelle » pour éviter que « ça se retrouve au bulletin TVA de 18 h », a-t-il dit.