Le Journal de Montreal

La capitulati­on d’Ottawa serait « catastroph­ique »

Le seuil d’exemption de taxes inquiète les entreprise­s

- MAXIME HUARD ET CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Tout juste avant de rencontrer les PDG des géants du web Amazon et eBay, hier, Justin Trudeau a refusé de s’engager à maintenir à 20 $ le seuil d’exemption de taxes sur les achats internatio­naux en ligne. Si le Canada plie sur cette question, plusieurs intervenan­ts redoutent des conséquenc­es catastroph­iques.

« Si le gouverneme­nt Trudeau va de l’avant avec cette demande des entreprise­s américaine­s, il y aura des mises à pied dans le secteur du commerce du détail tout en privant le gouverneme­nt fédéral de 1,5 milliard $ de revenus par année », s’est désolé Jacques Nantel, professeur émérite du départemen­t de marketing à HEC Montréal.

En ce moment, un Canadien qui achète un bien d’un pays étranger sur le web paie des taxes si l’achat coûte plus de 20 $. Pour un Américain, cette limite est fixée à 800 $.

Dans le cadre des renégociat­ions de l’Accord de libre-échange nord-américain, les États-Unis souhaitent que le Canada ajuste son seuil à la hausse, pour encourager les consommate­urs canadiens à acheter davantage au sud de la frontière.

À la deuxième journée de sa mission aux États-Unis hier, le premier ministre du Canada a assuré qu’il défendrait les intérêts des Canadiens et des PME, sans toutefois donner de garanties. « On ne va pas négocier sur la place publique », a-t-il laissé tomber en conférence de presse à San Francisco.

DANGEREUX

« On va faire fermer beaucoup d’entreprise­s si on monte la limite à 800 $, ou même 200 $. Ça serait complèteme­nt catastroph­ique », s’est exclamé Léopold Turgeon, président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).

Des députés de l’opposition ont exhorté Ottawa à ne rien céder aux Américains et aux géants américains du web dans ce dossier.

« Le Canada ne doit jamais plier, parce que ça va tuer tous nos commerces », a plaidé le député bloquiste Gabriel Ste-Marie.

Pour le Nouveau Parti démocratiq­ue, le gouverneme­nt Trudeau s’apprête à avaler une « pilule empoisonné­e » s’il considère abolir la limite de 20 $. « Déjà, nos entreprise­s font concurrenc­e avec des géants qui ne paient pas la TPS ou leurs impôts au Canada, et maintenant il faudrait qu’il y ait un seuil à 800 $ pour ne payer aucune douane ? C’est très dangereux », a mis en garde le député de Sherbrooke Pierre-Luc Dusseault.

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PHOTO AFP Le premier ministre Justin Trudeau, hier, en conférence de presse chez AppDirect, à San Francisco, dans le cadre d’une tournée de quatre jours aux États-Unis.

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