Le Journal de Montreal

L’accusé de Concordia envoyé à Philippe-Pinel

Il songe à plaider la folie pour une fausse alerte à la bombe

- MICHAËL NGUYEN

L’étudiant de Concordia accusé d’avoir lancé une fausse alerte à la bombe le jour d’un examen envisage de plaider la folie et a été envoyé en évaluation à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal.

« D’ici les 48 heures, vous devez prendre rendez-vous en vue d’une évaluation sur la responsabi­lité criminelle », a ordonné la juge Mélanie Hébert à Hisham Saadi, hier, au palais de justice de Montréal.

Le procès de Saadi, 48 ans, a ainsi abruptemen­t été suspendu afin que des psychiatre­s se penchent sur son état mental lorsqu’il avait créé la panique à Concordia, le 1er mars 2017.

Ce jour-là, des médias avaient reçu une missive au nom du Council of conservati­ve citizens of Canada. La lettre se plaignait des musulmans dans cette université au coeur de Montréal, et menaçait de faire exploser de « petits engins artisanaux amateurs » afin de causer « juste des blessures pour quelques musulmans ».

Au début de son procès cette semaine, Saadi a admis être l’auteur des lettres, et de les avoir envoyées. Fait à noter, il est lui-même musulman.

EXPERTISES

Malgré ces admissions, Saadi a plaidé non coupable d’avoir fait craindre à des activités terroriste­s, de méfait et de menace. Et hier, il a annoncé par la voix de son avocate Caroline Braun qu’il demandait d’être à nouveau expertisé par les psychiatre­s de Pinel.

« Des informatio­ns n’ont pas été prises en compte lors de la première expertise », a dit l’avocate.

C’est qu’au cours de son interrogat­oire policier à la suite de son arrestatio­n, Saadi a témoigné qu’il consommait des antidépres­seurs et des antipsycho­tiques lorsqu’il a écrit et envoyé les lettres inquiétant­es.

« Je prenais le triple de la dose prescrite », avait-il expliqué à la cour cette semaine.

DÉCLARATIO­N

Ce témoignage avait pour but d’empêcher qu’on utilise son interrogat­oire policier au procès, même s’il n’avait fait aucun aveu lors de son arrestatio­n l’année passée.

Il prétendait que le manque de sommeil et de nourriture, entre autres, l’avait empêché de faire une déclaratio­n en toute connaissan­ce de cause. Saadi s’était aussi dit « humilié » par les vêtements trop courts fournis par les policiers.

Cette demande a toutefois été rejetée par la magistrate, qui a mis à mal la crédibilit­é de l’accusé. Car s’il prenait une triple dose de médicament­s pour mieux étudier, il n’était pas logique de croire que ces mêmes médicament­s lui ont fait perdre ses moyens face à la police, a tranché la juge.

Saadi, qui est en liberté sous caution, reviendra à la cour le mois prochain, afin de présenter à la juge les résultats de sa nouvelle expertise.

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HISHAM SAADI Accusé

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