Le service de police le plus corrompu des États-Unis ?
Révélations chocs au procès de huit agents ripoux de Baltimore
WASHINGTON | (AFP) En plus de sa criminalité record, Baltimore a-t-elle la police la plus corrompue des États-Unis ? Un procès emblématique qui s’y achève a révélé des pratiques illégales généralisées chez les agents immergés dans les bas-fonds de la ville gangrénée par les gangs.
Rackets, cambriolages, fausses dépositions, vols à main armée : durant trois semaines d’audience, les habitants du grand port de la côte orientale des États-Unis ont assisté à un déballage édifiant sur les agissements des hommes théoriquement chargés de leur sécurité.
À l’origine du scandale se trouve la Gun Trace Task Force, unité d’élite censée traquer les armes disséminées dans les quartiers en déshérence.
Huit policiers ont été inculpés, parmi lesquels six membres de cette brigade criminelle de terrain, qui ont plaidé coupable, espérant atténuer leur future sentence.
TRAFIC
Quatre parmi ces derniers ont déposé à charge lors du procès, contre deux agents qui ne reconnaissent pas les faits : Daniel Hersl et Marcus Taylor encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Pariant sur le fait que leurs victimes, issues de la minorité afro-américaine, n’oseraient jamais déposer plainte, les enquêteurs en civil ont fait main basse sur le produit de l’argent de la drogue qui ronge Baltimore.
Alors que leur mission était de récupérer les armes illégales, ils ont largement animé cette contrebande, revendant les pistolets volés au lieu de les saisir.
Les agents ripoux ont aussi trafiqué de la drogue, implanté des fausses preuves chez des suspects, triché sur leurs heures supplémentaires.
« PERQUISITION »
À une occasion, lors d’une perquisition conduite sans mandat judiciaire, les membres de l’unité ont découvert 200 000 $ dans un coffre-fort. Après s’être partagé la moitié de la somme, ils ont prétendu faire irruption dans la pièce pour la première fois, trouvant 100000 dollars dans le coffre, cette mise en scène étant soigneusement filmée par le chef d’équipe.
Les policiers ont été jusqu’à placer des dispositifs GPS de filature sur des véhicules, pour cambrioler le domicile de leurs propriétaires. Ils ont fourni des gilets pare-balles à des complices pour qu’ils commettent des braquages.
Les accusés, écroués depuis mars, ont comparu en combinaisons de détenu. Le jury s’est retiré pour délibérer aujourd’hui en début d’après-midi.