L’école, arène de boxe !
Le Devoir a rendu publiques bien des statistiques qui terrassent nos sensibilités. Les élèves québécois agressent leurs enseignants à un rythme inquiétant. En dix ans, l’on dénote une augmentation de 50 % des attaques contre les profs.
Cela débute à la maternelle. Le Devoir cite le cas d’une enseignante qui a subi une quarantaine de fois les assauts d’un enfant de maternelle. On parle ici de gifles, de coups de poing au ventre, de coups de pied et de morsures au sein. Peut-on imaginer l’effet de ces scènes sur les petits camarades de quatre ou cinq ans ?
Les directeurs d’école tentent de sous-estimer le phénomène ou de l’ignorer. Quelle réputation pour l’école ! Quelle direction souhaite publiciser un pareil débordement ? Comme toujours, on fait comme si de rien n’était. Ce qui signifie que la direction pense d’abord à sa réputation, qu’elle ne veut pas ternir.
SILENCE INSTITUTIONNEL
Cela ressemble au silence de toute institution lorsque le scandale risque d’être mis à jour. Qu’on pense à l’attitude de l’Église face aux prêtres accusés de pédophilie, au monde du show-business qui veut protéger ses vedettes, aux lieux de travail où le patronat ferme les yeux devant les harceleurs de tous genres.
Comment expliquer la rage, la violence, la brutalité des enfants d’aujourd’hui envers les adultes ? Sinon en pointant du doigt tous les adultes qui, au nom d’une tolérance qui n’est qu’une irresponsabilité de leur part, laissent les enfants agir comme des bêtes.
Les syndicats d’enseignants mettent cette situation dramatique sur le compte des compressions budgétaires. Mais cette dure réalité économique ne peut pas expliquer à elle seule le phénomène des petits monstres qui attaquent leur maîtresse, des ados terrifiants qui menacent de mort leurs enseignants et des gamins de dix ans qui envoient ch... ceux qui tentent de les éduquer.
PROTOCOLE FIABLE
Pour dénoncer des actes violents, un protocole existe, auquel toute école doit se soumettre par la loi, mais l’appliquet-on suffisamment ? Encore une fois, nous sommes face à la pensée magique et à une interprétation lamentable de la responsabilité personnelle. Tout mettre sur le dos de l’État est une façon de nier la réalité si humaine.
L’idée vertueuse, dégoulinante de bonté, nous entraîne à instaurer des classes où se retrouvent des enfants aux multiples perturbations psychologiques et des enfants qui se comportent normalement. Or, ces jeunes pyromanes, malgré eux, font exploser l’ordre, la discipline et le respect dans ce lieu sacré que devraient être la salle de classe et, par extension, l’école.
Avons-nous perdu à ce point nos valeurs pour transformer nos établissements scolaires en arènes de boxe ? Et que penser de ce fatalisme social de directeurs d’écoles affirmant à des profs, victimes des exactions, « T’es professeur, la violence, ça fait partie de ton job », comme témoigne l’article du Devoir.
Lorsqu’une société n’est plus capable d’attirer les meilleurs citoyens comme enseignants, qu’elle n’arrive plus à protéger ses jeunes et ses profs contre des enfants déchaînés, criant au secours, cette société est elle-même en état de crise.