Imparfait, mais irrésistible
Même après plus de trois décennies sur scène, Les Misérables n’ont pas pris une seule ride. À défaut d’être parfaite, la comédie musicale présentée à Montréal cette semaine se révèle toujours aussi poignante, émouvante et, étonnamment, actuelle.
Les grandes lignes de l’histoire, on les connaît. Jean Valjean, un ouvrier français, tente de refaire sa vie en s’affranchissant de son passé après avoir été emprisonné pendant près de 20 ans au 19e siècle. Mais, à moins d’être extrêmement familiers avec la courbe narrative de l’intrigue, certains spectateurs pourraient très bien être confus à certains moments.
Car Les Misérables est un spectacle particulièrement costaud. D’une durée de près de trois heures (incluant l’entracte), il est par moments facile de perdre le fil, notamment lors des sauts dans le temps et des quelques longueurs qui ponctuent cette production signée Laurence Connor et James Powell.
IMPECCABLE NICK CARTELL
Heureusement, cette incarnation de l’oeuvre de Victor Hugo est portée avec brio par Nick Cartell. En se glissant dans la peau de Jean Valjean, le ténor américain impressionne à tous les niveaux. Sa voix, extrêmement riche et précise, nous a donné les numéros les plus percutants. Son Bring Him Home, déchirant et immensément touchant, restera ancré dans nos esprits encore longtemps. Indéniable moment fort de la soirée, cette chanson vaut, à elle seule, le prix d’entrée.
La jeune Melissa Mitchell s’en tire également particulièrement bien dans le rôle de Fantine. Chargée de livrer le célébrissime I Dreamed a Dream, elle s’acquitte de cette tâche de manière absolument parfaite. Peut-être un peu trop parfaite, toutefois. Une interprétation moins lisse, plus texturée et tourmentée, aurait peut-être mieux servi le propos de la chanson qui, après tout, en est une de désespoir. Les Misérables est présentée jusqu’à dimanche à la Place des arts.