Le Journal de Montreal

Le délire féministe

On savait que le mouvement #moiaussi, si légitime soit-il, allait amener son lot de dérapages. Et le pire de ces contrecoup­s, c’est la naissance de la Police des femmes, qui veut nous dire quelle est la bonne façon de représente­r les femmes dans l’art.

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

VOIR DU SEXISME PARTOUT

On avait déjà eu droit à quelques textes délirants de la prof de l’UQAM Martine Delvaux, qui trouvait sexiste Le Mirage ou Blade Runner 2049.

Mais on a atteint un nouveau sommet avec la publicatio­n dans La Presse d’un texte de Pascale Navarro intitulé : Le génie expliqué aux petites filles.

Mes amis, on devrait avoir un malaise à regarder Le Penseur de Rodin, parce que le sculpteur a supposémen­t « participé à la destructio­n » de Camille Claudel. Misère, il y a des limites à faire du révisionni­sme historique ! Non seulement Rodin a toujours vanté les qualités artistique­s de Claudel, mais il a déjà déclaré : « Je lui ai montré où trouver de l’or, mais l’or qu’elle trouve est bien à elle ».

Il faudrait qu’on ait un malaise à regarder des Picasso parce que Pablo n’a pas toujours été fin avec ses 1001 amantes ? On n’a pas fini.

Bien sûr, ces néo-féministes ne disent pas un mot sur les femmes artistes qui ont été des véritables monstres pour leur entourage. J’imagine que la grand-mère d’Anaïs Barbeau-Lavalette (dont l’histoire est racontée dans La femme qui fuit) est une sainte, malgré le fait qu’elle ait lâchement abandonné ses deux enfants en bas âge pour se consacrer à « son art » ?

CACHEZ CE SEIN, CETTE FESSE, CE BRAS

Dans son texte ahurissant de morale puritaine, Navarro s’en prend même à la nudité dans la peinture.

« Depuis que nous sommes petites, nous entrons dans des musées dont les murs sont couverts de femmes déshabillé­es et dont les images font la gloire de leurs auteurs. Les femmes ont servi de support à tant d’oeuvres et nourri tant de génies portés aux nues, que les petites filles qui regardent (ce qu’elles deviendron­t ? ce qu’on attend d’elles ? leur miroir ?) sentent une colère monter. »

Ben voyons donc ! Les petites filles qui vont au musée regarder Les Baigneuses de Renoir, L’origine du monde de Courbet ou les femmes nues de Matisse sont « en colère » parce que ce sont de vilains machos qui ont créé ces oeuvres ? Mais c’est quoi ce délire puritain ? Big Mother is watching you ?

ET LES ZIZIS ?

Quand je lisais ce texte effarant, j’avais l’impression de lire le manifeste d’un taliban. Ça ne traverse pas l’esprit de ces radicales que l’art est une déclaratio­n d’amour à la beauté et que le corps des femmes, ben… c’est beau ?

Bordel, depuis que l’humanité existe, l’être humain a représenté ses congénères dans leur plus simple appareil. Depuis des millénaire­s, on dessine, peint, sculpte la courbure d’un sein, le galbe d’une fesse.

Et je peux vous nommer des milliers d’oeuvres marquantes de l’histoire de l’art qui sont une glorificat­ion du corps nu… d’hommes déshabillé­s.

Quand les féministol­lahs regardent le David de Michel-Ange, un homme flambant nu au pénis proéminent gravé dans le marbre, est-ce qu’elles sentent monter en elles la colère ?

Mais c’est quoi ce délire puritain ?

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