Le Journal de Montreal

Un avocat en prison

Le criminalis­te a écopé hier de 18 mois de détention pour avoir entravé la justice

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE

Un avocat montréalai­s a pris le chemin de la prison hier après avoir écopé d’une sentence de 18 mois d’incarcérat­ion pour avoir aidé un meurtrier à dévoiler l’identité d’un délateur.

Malgré la décision du juge, le criminalis­te Dimitrios Strapatsas pourrait bien ne passer que le week-end en détention.

Comme il a déjà porté sa cause en appel, son avocat déposera une demande dès lundi pour le faire libérer.

« Considéran­t qu’il a été en liberté pendant tout son procès, j’ai de bonnes raisons de croire que ma demande sera acceptée en attendant les procédures en appel », a indiqué Me Nicholas St-Jacques à sa sortie de la salle de cour du palais de justice de Montréal.

DEVANT SES PAIRS

Bien qu’il n’ait pas bronché, Strapatsas ne semblait pas du tout heureux de se faire menotter par le constable spécial devant ses collègues peu après le prononcé de sa sentence.

Désormais suspendu du Barreau, l’avocat a été reconnu coupable d’entrave à la justice en octobre dernier. L’histoire remonte au printemps 2015, alors qu’il représenta­it John Boulachani­s dans son procès pour meurtre.

Furieux d’apprendre qu’un délateur détenant des informatio­ns incriminan­tes à son sujet allait témoigner contre lui, Boulachani­s a voulu l’intimider. Son plan : publier la vidéo de son interrogat­oire sur YouTube, alors que son identité est censée être protégée pour assurer sa sécurité.

Comme il était derrière les barreaux et n’avait pas accès à internet, le meurtrier avait en tête d’utiliser la conjointe d’un codétenu pour mettre la vidéo en ligne.

INTERMÉDIA­IRE

Dimitrios Strapatsas a servi d’intermédia­ire en remettant 200 $ à la femme, et le plan a fonctionné. La vidéo a toutefois été rapidement retirée du web lorsque la copine du codétenu de Boulachani­s a compris la gravité du geste.

Pour expliquer sa décision, le juge Marc-André Dagenais retient que le stratagème mis en oeuvre par le meurtrier visait à intimider le témoin afin de nuire au procès.

« L’accusé ne pouvait ignorer cet objectif des plus déplorable­s », peut-on lire dans le jugement.

« Je n’ai rien fait qui, selon moi, serait illégal », s’était défendu Strapatsas lors de son procès.

Le criminalis­te, connu notamment pour avoir défendu le fils de l’ex-chef des Hells Angels Maurice « Mom » Boucher, a déposé une demande d’appel en novembre dernier puisqu’il était insatisfai­t de la décision du magistrat.

« Le juge du procès a dit croire la version [du codétenu] malgré qu’il soit un témoin taré », indique Strapatsas dans sa demande déposée devant le plus haut tribunal de la province.

Il reproche également au juge Dagenais d’avoir « omis » des détails qui auraient pu l’innocenter et de ne pas avoir conclu qu’il était innocent.

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Dimitrios Strapatsas, photograph­ié ici en mars 2015 lorsqu’il défendait Francis Boucher, a reçu une sentence de 18 mois de prison pour avoir aidé un meurtrier.

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