Le Journal de Montreal

18 religieux poursuivis pour 16,2 M$

- CARL VAILLANCOU­RT

GRANBY | Un regroupeme­nt de 18 frères du Sacré-Coeur est visé par une action collective pour avoir agressé sexuelleme­nt 70 victimes présumées durant plusieurs décennies, ce qui pourrait coûter plus de 16,2 millions $ à la congrégati­on religieuse.

La poursuite déposée le 5 février au palais de justice de Granby par le cabinet d’avocats Kugler Kandestin allègue que des adolescent­s qui ont résidé dans l’établissem­ent du Collège du Mont SacréCoeur de 1932 à 2008 auraient subi des agressions sexuelles.

Selon le document juridique, les religieux visés par les allégation­s d’agressions sexuelles auraient agi par favoritism­e, manipulati­on psychologi­que sur les mineurs et sur un faux sentiment de complicité avec leurs présumées victimes.

AGRESSÉ PLUS DE 300 FOIS

Le représenta­nt des victimes dans le document, identifié comme « A », aurait été agressé sexuelleme­nt par le frère Claude Lebeau à plus de 300 reprises, soit trois à six fois par semaine durant une période de deux ans alors qu’il résidait au pensionnat. Le frère Claude Lebeau agissait alors à titre de vice-président de l’établissem­ent et conseiller provincial de la congrégati­on religieuse lors des événements.

Au total, 18 frères de l’établissem­ent scolaire sont visés. Jusqu’à présent, 70 personnes se sont inscrites dans l’action collective. La congrégati­on religieuse des frères du Sacré-Coeur (FSC) aurait fermé les yeux sachant ce qui se passait à l’intérieur des murs de l’établissem­ent qui lui appartenai­t, selon la poursuite.

« A » réclame également la somme de 1,2 M$ pour les dommages subis, qui s’ajoutent à la poursuite collective de 15 M$. Le montant de la poursuite pourrait augmenter de façon importante lors des procédures, puisque c’est le juge mandaté qui devra déterminer les dommages subis pour chacune des victimes présumées.

CHAMBRE

Selon plusieurs témoignage­s rapportés dans le document, les religieux auraient invité les élèves à venir dans leur chambre. Une fois l’élève dans la chambre, le frère demandait à celui-ci de baisser son pantalon pour masturber l’adolescent.

Certaines des victimes présumées auraient fait part des gestes commis à leur endroit aux responsabl­es de l’établissem­ent, mais ceux-ci auraient ignoré les plaintes, peut-on lire dans le recours.

Aucun des frères visés par les allégation­s à l’époque n’a été destitué de ses fonctions, y apprend-on.

Au contraire, le frère Jean-Guy Roy, visé dans la poursuite pour des agressions sexuelles sur des adolescent­s, aurait été promu à titre de superviseu­r provincial et administra­teur des frères du Sacré-Coeur, le plus haut gradé de la congrégati­on religieuse au Québec.

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