Le lourd fardeau de Marc Bergevin
Les Predators de Nashville avaient congé, hier. Mais la présence de P.K. Subban en ville était bien palpable. L’ancien du Canadien a publié sur les réseaux sociaux une photo où on le voit en compagnie de six de ses coéquipiers, à l’atrium baptisé en son honneur à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Subban était accompagné de son capitaine Roman Josi, du vétéran Ryan Hartnell ainsi que de Ryan Johansen, Nick Bonino, Matt Irwin et Anthony Bitetto.
Des adversaires du Canadien rendant visite à des jeunes patients québécois, il doit s’agir d’une première. Quel beau geste! Subban aurait donc des amis parmi ses coéquipiers. Ce n’est pas ce qu’on entendait dans les coulisses quand le Tricolore l’a échangé. On racontait qu’il était trop dérangeant.
Aucun membre de l’organisation du Canadien n’était présent lorsqu’il avait annoncé qu’il prêterait son concours à la campagne de financement du centre hospitalier pour enfants faisant partie du Centre universitaire de santé McGill.
NOUVEAU CHAPITRE
La fameuse transaction dont il a fait l’objet est aussi revenue sur le tapis, hier. Pas encore, diront certains. On pouvait en effet lire, sur le site web Athlétique, un article signé par le journaliste Arpon Basu rapportant que le Canadien avait commandé à une firme indépendante une analyse comparative entre Subban et Shea Weber, un mois avant que les deux joueurs ne soient échangés l’un contre l’autre.
Cette étude devait servir, dit-on, à évaluer les compétences de ladite firme, à la suite de la recommandation du consultant en analyse statistique du Canadien à l’époque, un dénommé Matt Pfeiffer, de ne pas échanger Subban.
L’évaluation plaçait les deux joueurs à égalité dans 58 unités de mesure individuelles et Weber en avant dans 10 sur 14 autres statistiques générales.
Cette étude a été remise au Canadien une journée avant la transaction, mais l’histoire dit qu’elle n’a pas eu d’effet sur l’échange. On affirme qu’il s’agit strictement d’une coïncidence.
Marc Bergevin n’aurait même pas vu le rapport, selon un informateur que le site identifie comme un employé du Canadien.
Doit-on croire à une coïncidence ?
BOULET À TRAÎNER
Il ne faut pas s’attendre à une réponse de Bergevin. Pour lui, le dossier est clos depuis le jour qui a suivi l’annonce de la transaction. Mais l’histoire lui collera toujours à la peau.
C’est comme ça quand on échange un gros nom. Il s’en trouve encore qui en veulent à Réjean Houle et à Mario Tremblay d’avoir sorti Patrick Roy du Forum.
Comme Bergevin, beaucoup d’amateurs sont fatigués d’entendre parler de la transaction Subban-Weber. Il y a lieu de penser que ces gens jurent en grande partie allégeance au Tricolore.
En contrepartie, il y a ceux qui ne pardonnent pas au Canadien d’avoir échangé Subban.
LES CHOSES ONT MAL TOURNÉ
Bergevin savait à quoi il s’exposait. Mais il ne s’imaginait pas que les choses tourneraient aussi mal. C’est devenu un fardeau. On ne parlerait pas de Subban si le Canadien gagnait.
Mais s’il fallait que les Predators gagnent la coupe Stanley en juin prochain, Bergevin deviendrait persona non grata à Montréal.
Cela dit, le Canadien n’en formait pas moins une équipe encore fort respectable après le départ de Subban. Bergevin estimait, non sans raison, que sa formation pouvait aller loin avec Carey Price, Max Pacioretty et Shea Weber comme chefs de file.
La suite des choses a été plutôt brutale. Le Tricolore est tombé en pleine face devant les Rangers au premier tour des séries l’an dernier, pendant que Subban et les Predators se rendaient en finale contre les Penguins.
APPROCHE DÉFICIENTE
J’ai toujours pensé que le Canadien n’avait pas su comment s’y prendre avec Subban.
On parle d’un personnage dont le profil contraste avec celui auquel on est habitué chez les joueurs de la Ligue nationale de hockey.
Subban aime l’attention, et Montréal représentait en ce sens une scène idéale pour lui. Mais il le lui rendait bien. Il se sentait bien chez lui à Montréal. Il avait le CH tatoué sur le coeur depuis son enfance.
Son exubérance en faisait un personnage hors-norme dans l’univers du Canadien.
C’est la partie avec laquelle Bergevin n’a pas été capable de composer. Et il faut ajouter les joueurs qui ne pouvaient pas souffrir Subban.
Que Subban soit différent du prototype moyen des joueurs de hockey, c’est une chose. Mais il est loin d’être indésirable.
À Montréal, Subban était comme un enfant dans un magasin de bonbons. Les gens qui gravitaient dans son environnement chez le Canadien auraient dû être plus patients avec lui.
AUTRE SOIRÉE PLEINE D’ÉMOTIONS
P.K. commettra toujours sa part de revirements, mais il n’est plus tout à fait le même joueur avec les Predators. Il use d’une plus grande prudence, ce qui ne l’empêche pas d’être le meilleur marqueur parmi les siens.
À son retour à Montréal avec les Predators l’an dernier, le Canadien avait bien fait les choses en lui rendant hommage, dans une présentation audiovisuelle avant le match.
La foule lui avait accordé la plus grosse ovation de la saison au Centre Bell. Subban pleurait à chaudes larmes.
Il n’y aura rien de ça ce soir, mais certains de ses fans auront les yeux dans l’eau en le regardant.