Ses freins étaient finis et ses pneus usés à la corde
Un coroner recommande des inspections mécaniques obligatoires pour les voitures
Une passagère morte dans un accident en 2016 alors qu’elle faisait du covoiturage prenait place dans un véhicule équipé de freins « usés à 100 % » et de pneus presque lisses, selon le rapport du coroner.
« Il faut se questionner : est-ce qu’on attend un autre triste accident pour faire bouger les choses ou on rend nos routes plus sécuritaires maintenant ? » lance Aura Navarro, une amie de Katy Torres.
Cette dernière est décédée dans une collision sur l’autoroute 40 à Saint-Lazare, en Montérégie, le 8 octobre 2016.
« La profondeur des semelles des pneus était de 4/32 sur les pneus avant et 0/32 sur les pneus arrière », écrit le coroner Jean E. Brochu dans son rapport publié la semaine, dernière ajoutant que les freins à l’arrière étaient « usés au maximum ».
On peut lire sur le site de la Société de l’assurance automobile du Québec que le « minimum acceptable » est de 6/32 « afin de ne pas compromettre » la sécurité, même si la loi autorise 2/32.
Le coroner estime que des inspections mécaniques obligatoires après un certain kilométrage et à des intervalles déterminés des voitures seraient efficaces « pour s’assurer d’un meilleur état mécanique des véhicules circulant sur les routes du Québec ».
AUCUNE GARANTIE
Katy Torres, âgée de 30 ans au moment du décès, était doctorante de l’Université d’Ottawa. Elle ne connaissait pas la conductrice. Elle était montée avec cette dernière à Gatineau, en direction de Montréal, grâce à AmigoExpress.
Sur son site internet, l’entreprise de jumelage souligne qu’il est de la responsabilité du conducteur de maintenir le véhicule en bon état mécanique et d’en vérifier le bon fonctionnement.
« La “Charte de responsabilité” édictée par AmigoExpress ne garantit aucunement le bon état mécanique des véhicules que certains propriétaires inscrivent sur le site », prévient Jean E. Brochu.
Il a été impossible de s’entretenir avec AmigoExpress vendredi. L’entreprise a toutefois indiqué à La Presse ne pas avoir « les infrastructures ou les moyens » de vérifier les antécédents d’un conducteur ni l’inspection mécanique du véhicule.
Le troisième passager du véhicule, qui a survécu à l’accident, estime aussi que des inspections à intervalles réguliers des véhicules devraient être obligatoires pour réduire les risques qu’un tel accident se reproduise.
« MARQUÉ À JAMAIS »
« Ce rapport doit être un wake-up call aux autorités. Il est temps d’agir et de changer les lois, soutient Jizreel Botat, qui avait été grièvement blessé. Sinon, Katy sera morte en vain. »
Même s’il ne connaissait pas la victime, l’étudiant à l’Université Concordia soutient qu’il sera « marqué à jamais par l’accident », alors qu’il lui est encore impossible de voir une photo de Katy Torres. Il ajoute être « plus que reconnaissant d’être en vie ».
La famille de Katy Torres a préféré ne pas commenter le rapport.
« IL FAUT SE QUESTIONNER : EST-CE TRISTE ACCIDENT QU’ON ATTEND POUR UN FAIRE AUTRE BOUGER LES CHOSES OU ON REND NOS ROUTES PLUS SÉCURITAIRES MAINTENANT ? » – Aura Navarro, une amie de la victime