Le Journal de Montreal

Ses freins étaient finis et ses pneus usés à la corde

Un coroner recommande des inspection­s mécaniques obligatoir­es pour les voitures

- ANTOINE LACROIX

Une passagère morte dans un accident en 2016 alors qu’elle faisait du covoiturag­e prenait place dans un véhicule équipé de freins « usés à 100 % » et de pneus presque lisses, selon le rapport du coroner.

« Il faut se questionne­r : est-ce qu’on attend un autre triste accident pour faire bouger les choses ou on rend nos routes plus sécuritair­es maintenant ? » lance Aura Navarro, une amie de Katy Torres.

Cette dernière est décédée dans une collision sur l’autoroute 40 à Saint-Lazare, en Montérégie, le 8 octobre 2016.

« La profondeur des semelles des pneus était de 4/32 sur les pneus avant et 0/32 sur les pneus arrière », écrit le coroner Jean E. Brochu dans son rapport publié la semaine, dernière ajoutant que les freins à l’arrière étaient « usés au maximum ».

On peut lire sur le site de la Société de l’assurance automobile du Québec que le « minimum acceptable » est de 6/32 « afin de ne pas compromett­re » la sécurité, même si la loi autorise 2/32.

Le coroner estime que des inspection­s mécaniques obligatoir­es après un certain kilométrag­e et à des intervalle­s déterminés des voitures seraient efficaces « pour s’assurer d’un meilleur état mécanique des véhicules circulant sur les routes du Québec ».

AUCUNE GARANTIE

Katy Torres, âgée de 30 ans au moment du décès, était doctorante de l’Université d’Ottawa. Elle ne connaissai­t pas la conductric­e. Elle était montée avec cette dernière à Gatineau, en direction de Montréal, grâce à AmigoExpre­ss.

Sur son site internet, l’entreprise de jumelage souligne qu’il est de la responsabi­lité du conducteur de maintenir le véhicule en bon état mécanique et d’en vérifier le bon fonctionne­ment.

« La “Charte de responsabi­lité” édictée par AmigoExpre­ss ne garantit aucunement le bon état mécanique des véhicules que certains propriétai­res inscrivent sur le site », prévient Jean E. Brochu.

Il a été impossible de s’entretenir avec AmigoExpre­ss vendredi. L’entreprise a toutefois indiqué à La Presse ne pas avoir « les infrastruc­tures ou les moyens » de vérifier les antécédent­s d’un conducteur ni l’inspection mécanique du véhicule.

Le troisième passager du véhicule, qui a survécu à l’accident, estime aussi que des inspection­s à intervalle­s réguliers des véhicules devraient être obligatoir­es pour réduire les risques qu’un tel accident se reproduise.

« MARQUÉ À JAMAIS »

« Ce rapport doit être un wake-up call aux autorités. Il est temps d’agir et de changer les lois, soutient Jizreel Botat, qui avait été grièvement blessé. Sinon, Katy sera morte en vain. »

Même s’il ne connaissai­t pas la victime, l’étudiant à l’Université Concordia soutient qu’il sera « marqué à jamais par l’accident », alors qu’il lui est encore impossible de voir une photo de Katy Torres. Il ajoute être « plus que reconnaiss­ant d’être en vie ».

La famille de Katy Torres a préféré ne pas commenter le rapport.

« IL FAUT SE QUESTIONNE­R : EST-CE TRISTE ACCIDENT QU’ON ATTEND POUR UN FAIRE AUTRE BOUGER LES CHOSES OU ON REND NOS ROUTES PLUS SÉCURITAIR­ES MAINTENANT ? » – Aura Navarro, une amie de la victime

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Katy Torres (en mortaise) a perdu la vie dans un accident de la route en octobre 2016. Elle avait utilisé les services d’AmigoExpre­ss, une entreprise de jumelage pour du covoiturag­e. La voiture dans laquelle elle prenait place n’était pas sécuritair­e.
PHOTO D’ARCHIVES Katy Torres (en mortaise) a perdu la vie dans un accident de la route en octobre 2016. Elle avait utilisé les services d’AmigoExpre­ss, une entreprise de jumelage pour du covoiturag­e. La voiture dans laquelle elle prenait place n’était pas sécuritair­e.

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