Le Journal de Montreal

L’image de Trudeau passée au tordeur

Celui qui a fait campagne à titre de défenseur de la classe moyenne doit se dissocier de l’évasion fiscale

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Les controvers­es touchant les proches du premier ministre Justin Trudeau qui s’enchaînent depuis des mois entachent son image de défenseur de la classe moyenne « et ceux qui travaillen­t fort pour s’y joindre », croient des experts.

« Quand tu incarnes autant l’authentici­té et un idéal de justice sociale, et ensuite, dans tes gestes, tu fais le contraire, c’est terrible pour ta marque », lance Louis Aucoin, stratège en communicat­ions pour l’agence montréalai­se de relations publiques Tesla RP.

Rappelons que le premier ministre canadien a fait sa campagne électorale en disant qu’il défendrait la classe moyenne et s’assurerait de faire payer aux riches « leur juste part » de taxes et impôts. C’est un discours qu’il continue à marteler depuis son arrivée au pouvoir.

SCANDALES À RÉPÉTITION

Tout au long de la session parlementa­ire qui vient de se terminer, les scandales impliquant les décisions financière­s du gouverneme­nt Trudeau et la fiscalité de ses proches se sont succédé.

La décision de ne pas taxer la multinatio­nale Netflix et les liens financiers du ministre des Finances, Bill Morneau, à l’entreprise qu’il a cofondée (Morneau Shepell) ne sont que quelques exemples des controvers­es qui ont touché le gouverneme­nt au cours des derniers mois.

À cela s’ajoute l’enquête du quotidien Toronto Star et des réseaux CBC/Radio-Canada, au sujet des Paradise papers, qui a levé le voile sur le fait que le grand argentier du Parti libéral et proche de Trudeau, Stephen Bronfman, se serait associé à l’ex-sénateur libéral Leo Kolber pour cacher 60 millions de dollars US dans les paradis fiscaux.

Il y a également les révélation­s de notre Bureau d’enquête selon lesquelles de riches investisse­urs anonymes des paradis fiscaux ont misé au moins 165 millions de dollars dans des producteur­s de pot autorisés au Canada.

Pis encore : en décembre dernier, la Commissair­e à l’éthique a publié un rapport dévastateu­r dans lequel elle déclare que M. Trudeau a enfreint la Loi fédérale en acceptant de voyager sur l’île privée de l’Aga Khan.

« M. Trudeau peut tout simplement se dissocier de ces gens-là, les rappeler à l’ordre et dire que tous les Canadiens doivent payer leurs impôts […] S’il fait ça, il peut se placer en véritable défenseur des lois canadienne­s sur l’impôt et des intérêts de la classe moyenne », explique Thierry Giasson, professeur de communicat­ion politique à l’Université Laval.

RÉPERCUSSI­ONS INTERNATIO­NALES

D’ailleurs, les révélation­s explosives impliquant le Canada et la garde rapprochée de Trudeau n’ont pas seulement eu des répercussi­ons ici.

La nouvelle a aussi eu un rayonnemen­t internatio­nal très important dans de nombreux pays, dont les États-Unis et la France, note Jean-François Dumas, grand patron chez Influence Communicat­ion.

« Il est un peu trop tôt pour évaluer l’impact sur l’image du Canada à l’internatio­nal, mais on en parle énormément [...]. C’est une couverture extrêmemen­t importante […], mais c’est sûr que ce n’est pas une bonne nouvelle », analysait en novembre dernier M. Dumas.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Le premier ministre Justin Trudeau et le grand argentier du Parti libéral du Canada, Stephen Bronfman (à droite) en 2012.
PHOTO D’ARCHIVES Le premier ministre Justin Trudeau et le grand argentier du Parti libéral du Canada, Stephen Bronfman (à droite) en 2012.

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