Décevant et inachevé
Si vous faites partie des 196 000 personnes qui ont visité le Salon de l’Auto de Montréal, le Mitsubishi Outlander PHEV est le premier véhicule que vous avez croisé sur votre parcours.
Avant d’aller plus loin, je vous entends déjà me demander : « Mais ça veut dire quoi, PHEV ? » En fait, PHEV est un acronyme pour Plug-in Hybrid Electric Vehicle. Autrement dit, il s’agit de la déclinaison hybride rechargeable du bon vieux Outlander que l’on connaît depuis 2013.
On identifie souvent Mitsubishi comme un constructeur qui innove peu. En même temps, c’est légitime. La Lancer est demeurée quasi identique pendant près d’une décennie. Or, cette fois, ce constructeur japonais devient le tout premier à commercialiser un VUS « abordable » hybride rechargeable. Compte tenu de la place qu’occupent les VUS dans le parc automobile, disons qu’il était temps.
AUTONOMIE DÉCEVANTE
Tant qu’à débroussailler le terrain des VUS hybrides rechargeables, Mitsubishi aurait dû se forcer un peu plus. Avec une autonomie de seulement 35 kilomètres, les concurrents n’en feront qu’une bouchée en peu de temps si l’intérêt pour ce type de véhicule est constaté.
Chez Mitsubishi, on se donne une tape dans le dos en soulignant que l’autonomie du Volvo XC60 est de 27 kilomètres.
Mais si Chevrolet est capable d’offrir 85 kilomètres avec sa Volt, j’ai bien de la misère à croire que Mitsubishi n’est pas capable de faire mieux que ça avec ses deux moteurs électriques (un à l’avant et l’autre à l’arrière).
En utilisant le moteur à essence, Mitsubishi annonce une consommation combinée (route et autoroute) de 9,2 L/100 km. Si on le compare au Toyota RAV4 hybride, c’est nettement supérieur. En effet, en mode combiné, celui-ci ne consomme que 7,3 L/100 km.
En branchant l’Outlander PHEV dans une prise domiciliaire de 12 ampères, il faudra patienter un total de 8 heures pour en venir à une recharge complète. Avec une prise de 240 V, il faudra 3,5 heures. Et avec une borne de recharge rapide, en 25 ou 30 minutes on obtient 80 % d’une recharge complète.
LE MÊME VIEUX MOTEUR À QUATRE CYLINDRES
Puisqu’il ne s’agit pas d’un véhicule entièrement mû par l’électricité, mais bien d’un hybride rechargeable, l’Outlander PHEV est aussi animé par un moteur à essence. On retrouve donc, sous son capot, le bloc quatre cylindres de 2,0 L qui développe 117 chevaux et qui est utilisé à toutes les sauces par le constructeur aux trois diamants. En somme, à ce chapitre, on demeure très conservateur.
L’OUTLANDER PHEV RESSEMBLE BEAUCOUP AU… OUTLANDER
Esthétiquement, je vous souhaite bonne chance pour différencier l’Outlander PHEV et sa version à essence. Bref, si vous voulez vous péter les bretelles et qu’on vous applaudisse à votre passage puisque vous roulez avec un véhicule vert, vous risquez de passer inaperçu.
À l’intérieur, c’est pareil. L’aménagement de la console centrale est quelque peu différent, histoire de faire place au levier qui n’est pas le même que celui de l’Outlander conventionnel. Les cadrans du tableau de bord diffèrent aussi quelque peu étant donné qu’on n’y affiche pas les mêmes informations. On y voit, entre autres, la sollicitation de la batterie plutôt que la révolution du moteur à essence.
PRESQUE AUSSI LOGEABLE QU’UN VUS CONVENTIONNEL
L’Outlander à essence peut être livré en option avec une troisième banquette, ce qui lui permet d’accueillir jusqu’à sept passagers. Mais pas le PHEV, en raison de la place nécessaire pour loger les batteries. Par ailleurs, ce dernier peut loger jusqu’à 861 L derrière la deuxième banquette, ce qui représente une baisse de 107 L par rapport au modèle conventionnel.
À titre de comparaison, le RAV4 hybride est lui aussi moins logeable que le RAV4 conventionnel. Derrière la deuxième banquette, ils peuvent respecti-
vement charger 1008 et 1087 L.
Comme l’Outlander à essence, cette version PHEV peut se vanter d’être munie du système à quatre roues motrices S-AWC (Super All Wheel Control) qu’on retrouve aussi sur d’autres produits de la marque.
UNE GARANTIE IMBATTABLE
Le changement, ça fait peur. Je vous comprends. Rien ne procure un plus grand confort que nos vieilles pantoufles. Si vous hésitez à vous lancer dans l’achat d’une voiture hybride ou électrique, Mitsubishi a un sérieux argument de caché dans sa manche : sa garantie !
En effet, l’ensemble des véhicules de la marque jouit d’une garantie de 10 ans/160 000 kilomètres sur le groupe motopropulseur. Aucun constructeur n’offre quelque chose de similaire. Et dans le cas du PHEV, cette garantie s’applique aussi sur la batterie.
BREF
Mitsubishi mise gros avec son Outlander PHEV. C’est, en quelque sorte, sa vitrine technologique. Pourtant, tout ce qu’il y a de techno, ce sont les deux petits moteurs électriques et la batterie. Tout le reste, c’est le vieil Outlander qui n’a absolument rien de révolutionnaire. C’est comme si on fournissait un iPhone X à mon grand-père. Tout ce qu’il aurait de techno, c’est son téléphone. Mais il resterait le même vieux monsieur de 95 ans.
Si vous parcourez une distance quotidienne supérieure aux 35 kilomètres d’autonomie en mode tout électrique, l’Outlander PHEV perd de son intérêt.
Et il n’est pas donné, le PHEV. Même si vous considérez les 4000 $ de subven- tion du gouvernement à son achat, son prix de base de 44 817 $ dépasse largement celui de l’Outlander à essence (30 817 $) et de quelques milliers de dollars celui du RAV4 hybride (37 074 $).