CLIMAT TOXIQUE À LA POLICE DU TABAC
Allégations de harcèlement Démissions en série Quotas de tickets
Le climat de travail est loin d’être sain à la direction des enquêtes du ministère de la Santé. Depuis deux ans, la « police du tabac » est aux prises avec plusieurs congés de maladie, des départs, des plaintes pour harcèlement psychologique et de la pression pour distribuer des tickets.
La direction de l’inspection et des enquêtes est responsable d’appliquer la Loi sur le tabac, notamment la règle des neuf mètres autour des hôpitaux ou sur le terrain des écoles. Elle s’assure aussi que les dépanneurs ne vendent pas de cigarettes à des mineurs.
Notre Bureau d’enquête a appris qu’au cours des derniers mois, 13 des 22 employés du bureau de Montréal se sont retrouvés en congé de maladie ou ont quitté leur poste.
L’une des inspectrices a même décidé de carrément quitter la fonction publique.
À l’origine de cette saignée, plusieurs dénoncent le harcèlement et la pression dont ils seraient victimes.
Notre Bureau d’enquête a recueilli les témoignages de quatre employés actuels ou passés découragés par les conditions de travail.
De plus, Caroline Morneau, la conseillère en ressources humaines mandatée par le ministère, a livré un rapport dévastateur concernant la conduite du directeur, Jean-François Therrien. Selon elle, il s’agit d’un abus d’autorité et de conduite qui se rapproche du harcèlement psychologique (voir extraits en page 2).
PLUSIEURS PROBLÈMES
Ce dernier, un ancien député adéquiste de la circonscription de Terrebonne, travaille à la Santé depuis 2011. Voici quelques problèmes soulevés : √ Chaque inspecteur reçoit des objectifs annuels de 200 vérifications de vente de tabac (vente aux mineurs) et 400 visites d’inspection pour prendre des fumeurs en infraction. Si un agent n’a pas donné suffisamment de billets d’infraction, on lui met de la pression et il arrive même qu’un chef d’équipe le suive sur la route.
√ Lors d’une réunion en mai 2016, Jean-François Therrien aurait tenu des paroles jugées « vexatoires » envers des employés. Deux d’entre eux auraient même pleuré.
√ Dix-huit plaintes de harcèlement psychologique ont été déposées à la suite de cette réunion.
√ Des employés ont été soupçonnés de voler du temps. Un climat de suspicion s’est installé et on demande aux employés de rendre compte davantage de leurs allées et venues.
√ Tous les enquêteurs ont été rétrogradés au poste d’inspecteur avec une baisse de leurs avantages. Les enquêtes sur la contrebande de tabac relèvent désormais de la Sûreté du Québec et de Revenu Québec.
CHANGEMENT ORGANISATIONNEL
Jean-François Therrien n’a pas rappelé notre Bureau d’enquête.
De son côté, Marie-Claude Lacasse, porte-parole du ministère de la Santé, reconnaît que la direction des enquêtes a connu des difficultés en 2016.
Toutefois, elle affirme que les dirigeants du ministère n’avaient pas été informés de problématiques survenues jusqu’à la fin 2017.
« Il y a eu un changement organisationnel, c’était une question d’organisation du travail et de gestion des employés », indique Marie-Claude Lacasse.
La porte-parole confirme qu’au cours des 24 derniers mois, il y a eu six départs au bureau de Montréal, mais que trois d’entre eux étaient liés à une mise en disponibilité. Une autre a pris sa retraite en mars 2016.
Sept employés sur 22 ont également été placés en invalidité, dont trois avaient des problématiques liées au travail. Le ministère nie toutefois imposer un quota de tickets. Il reconnaît toutefois fixer des objectifs concernant le nombre de visites d’inspection.
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