Le Journal de Montreal

CLIMAT TOXIQUE À LA POLICE DU TABAC

Allégation­s de harcèlemen­t Démissions en série Quotas de tickets

- Éric Yvan Lemay EYLemayJDM 514.591.5844 ericyvan.lemay@quebecorme­dia.com

Le climat de travail est loin d’être sain à la direction des enquêtes du ministère de la Santé. Depuis deux ans, la « police du tabac » est aux prises avec plusieurs congés de maladie, des départs, des plaintes pour harcèlemen­t psychologi­que et de la pression pour distribuer des tickets.

La direction de l’inspection et des enquêtes est responsabl­e d’appliquer la Loi sur le tabac, notamment la règle des neuf mètres autour des hôpitaux ou sur le terrain des écoles. Elle s’assure aussi que les dépanneurs ne vendent pas de cigarettes à des mineurs.

Notre Bureau d’enquête a appris qu’au cours des derniers mois, 13 des 22 employés du bureau de Montréal se sont retrouvés en congé de maladie ou ont quitté leur poste.

L’une des inspectric­es a même décidé de carrément quitter la fonction publique.

À l’origine de cette saignée, plusieurs dénoncent le harcèlemen­t et la pression dont ils seraient victimes.

Notre Bureau d’enquête a recueilli les témoignage­s de quatre employés actuels ou passés découragés par les conditions de travail.

De plus, Caroline Morneau, la conseillèr­e en ressources humaines mandatée par le ministère, a livré un rapport dévastateu­r concernant la conduite du directeur, Jean-François Therrien. Selon elle, il s’agit d’un abus d’autorité et de conduite qui se rapproche du harcèlemen­t psychologi­que (voir extraits en page 2).

PLUSIEURS PROBLÈMES

Ce dernier, un ancien député adéquiste de la circonscri­ption de Terrebonne, travaille à la Santé depuis 2011. Voici quelques problèmes soulevés : √ Chaque inspecteur reçoit des objectifs annuels de 200 vérificati­ons de vente de tabac (vente aux mineurs) et 400 visites d’inspection pour prendre des fumeurs en infraction. Si un agent n’a pas donné suffisamme­nt de billets d’infraction, on lui met de la pression et il arrive même qu’un chef d’équipe le suive sur la route.

√ Lors d’une réunion en mai 2016, Jean-François Therrien aurait tenu des paroles jugées « vexatoires » envers des employés. Deux d’entre eux auraient même pleuré.

√ Dix-huit plaintes de harcèlemen­t psychologi­que ont été déposées à la suite de cette réunion.

√ Des employés ont été soupçonnés de voler du temps. Un climat de suspicion s’est installé et on demande aux employés de rendre compte davantage de leurs allées et venues.

√ Tous les enquêteurs ont été rétrogradé­s au poste d’inspecteur avec une baisse de leurs avantages. Les enquêtes sur la contreband­e de tabac relèvent désormais de la Sûreté du Québec et de Revenu Québec.

CHANGEMENT ORGANISATI­ONNEL

Jean-François Therrien n’a pas rappelé notre Bureau d’enquête.

De son côté, Marie-Claude Lacasse, porte-parole du ministère de la Santé, reconnaît que la direction des enquêtes a connu des difficulté­s en 2016.

Toutefois, elle affirme que les dirigeants du ministère n’avaient pas été informés de problémati­ques survenues jusqu’à la fin 2017.

« Il y a eu un changement organisati­onnel, c’était une question d’organisati­on du travail et de gestion des employés », indique Marie-Claude Lacasse.

La porte-parole confirme qu’au cours des 24 derniers mois, il y a eu six départs au bureau de Montréal, mais que trois d’entre eux étaient liés à une mise en disponibil­ité. Une autre a pris sa retraite en mars 2016.

Sept employés sur 22 ont également été placés en invalidité, dont trois avaient des problémati­ques liées au travail. Le ministère nie toutefois imposer un quota de tickets. Il reconnaît toutefois fixer des objectifs concernant le nombre de visites d’inspection.

Vous avez de l’informatio­n à ce sujet ?

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? JEAN-FRANÇOIS THERRIEN Inspection et enquêtes
JEAN-FRANÇOIS THERRIEN Inspection et enquêtes

Newspapers in French

Newspapers from Canada