Infiltrations et champignons dans leurs condos neufs
Des copropriétaires doivent débourser des millions de dollars pour tout réparer
Infiltrations d’eau, champignons et moisissures, des propriétaires qui croyaient acheter des condos neufs à Montréal doivent maintenant évacuer leur logement et débourser des millions de dollars pour tout réparer.
« C’est un stress immense que l’on vit. Je fais de l’insomnie, ma conjointe pleure presque chaque jour. J’ai peur de devoir simplement remettre les clés », laisse tomber Damian Garone, propriétaire d’un des condos touchés.
Le promoteur Devler – Immeuble Le Spazio a fait construire, en 2012, les condos sur le boulevard Saint-Laurent, dans un bâtiment déjà existant de la Petite Italie, à Montréal. L’immeuble a été entièrement rénové et des étages ont été ajoutés.
Moins de cinq ans plus tard, les propriétaires ont constaté des infiltrations d’eau majeures.
« Quand je marchais, il y avait de l’eau qui sortait sous mes planchers », raconte M. Garone.
Sur les 25 condos résidentiels et les cinq commerces du bâtiment, sept ont été touchés par des dégâts d’eau. Les résidents de quatre de ces appartements ont été évacués, mais tous les copropriétaires doivent assumer les coûts des réparations.
« Une partie du toit où se trouvaient des terrasses aurait été mal construite, ce qui a permis à l’eau de s’infiltrer à l’intérieur des murs. Les fenêtres auraient aussi été mal installées et la façade laisserait aussi l’eau entrer », énumère Jean Bonin, un propriétaire, en se basant sur un rapport d’expertise effectué sur l’état de leur bâtiment.
PROBLÈMES RESPIRATOIRES
Une poursuite a déjà été déposée notamment contre le promoteur, l’architecte, l’entrepreneur en construction et le fabricant de portes et fenêtres.
M. Garone et sa conjointe font partie de ceux qui ont dû quitter en raison notamment de la présence de moisissures et de champignons qui leur causaient des problèmes respiratoires.
« Je dois payer mon hypothèque, mon loyer, deux comptes d’électricité en plus de mes frais de condos et des taxes. J’ai aussi fait un autre prêt à la banque. Je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir comme ça », laisse-t-il tomber.
Une autre des copropriétaires, Ève Des- rosiers, et son fils de 9 ans ont aussi eu des problèmes de santé qui les ont forcés à quitter leur condo en août dernier.
« C’est comme si on avait toujours une grippe qui ne partait pas et on se mettait à saigner du nez », raconte la jeune mère monoparentale, qui doit vendre des meubles pour payer sa part des réparations du bâtiment.
FACTURE DE 3,5 M$
Les copropriétaires ont déjà déboursé près de 450 000 $, pour entre autres refaire le toit et effectuer des expertises pour évaluer l’ampleur du problème.
Ils ne sont pas au bout de leur peine puisque la décontamination et la reconstruction des logements touchés devront aussi être effectuées, en plus d’autres réparations pour assurer l’intégrité du bâtiment. La facture pourrait donc grimper jusqu’à 3,5 millions de dollars.
« C’est le premier condo qu’on achète et on se retrouve coincés avec des milliers de dollars à débourser. Ça nous apporte tellement de stress alors que les compagnies continuent de faire des plans et de construire », déplore Louis-Philippe Bouvier, un autre copropriétaire.
Contacté par Le Journal, le promoteur a préféré ne pas commenter.