La légalisation du pot différente d’un océan à l’autre
La consommation en public, les lieux de vente et la conduite au volant seront traités différemment
OTTAWA | Les Canadiens ont avantage à bien connaître les politiques du cannabis de chaque province puisque leurs lois sur les joints légaux seront bien différentes de l’une à l’autre.
Les voyageurs tentés par une virée en voiture dans l’Ouest canadien pourraient bien avoir du mal à s’y retrouver s’ils veulent s’assurer que leur consommation de cannabis soit tout à fait légale. Celui qui se fait prendre à fumer un joint devant un enfant en Alberta l’apprendra à ses dépens.
Une mise en garde qui s’impose aussi pour les Québécois qui traverseront la rivière des Outaouais avec un joint au bec, puisque la consommation en public sera interdite chez le voisin ontarien.
« Il y a des petites différences pour plusieurs lois et règlements, et parfois des citoyens se font pincer à ne pas connaître les particularités d’une certaine province », dit Mario Harel, président de l’Association canadienne des chefs de police et à la tête de la police de Gatineau.
PRÉPARATION INÉGALE
De plus en plus de détails sont connus sur les différences dans la manière dont les provinces permettront cette drogue douce, ce qu’elles doivent absolument faire d’ici l’été, tel que dicté par l’échéancier du gouvernement Trudeau à Ottawa.
Alors que le Sénat s’apprête justement à étudier le projet de loi fédéral, l’institution a mis en ligne une plateforme qui compare les différentes visions des provinces sur la légalisation ainsi que leur degré de préparation dans l’aventure (voir carte).
Même si les lois seront différentes d’un lieu à l’autre, l’industrie naissante du cannabis légal ne voit pas nécessairement d’un mauvais oeil cette variété au pays.
« On regarde beaucoup les juridictions étrangères pour se comparer, comme le Portugal, le Colorado, etc. Mais avec ce qui s’en vient, on va pouvoir comparer nos lois entre nous », s’enthousiasme Adam Greenblatt, porte-parole pour le Québec du producteur de cannabis Canopy Growth.
De son avis, des lois trop restrictives sur le cannabis pourraient engendrer des poursuites, comme l’interdiction de la culture du produit à la maison décrétée par Québec.
COOPÉRATION
« L’idéal serait qu’il y ait une meilleure coopération, une meilleure harmonisation des lois d’une province à l’autre. Mais il est sain que le gouvernement ait voulu respecter les différences du pays », ajoute Benoît Pelletier, le constitutionnaliste et professeur à l’Université d’Ottawa.
Politologue à l’Université du Québec à Montréal, André Lamoureux croit que chaque province peut ainsi y aller à son rythme.
« Au Québec, on a été parmi les plus prudents, et c’est très bien », ajoute-t-il.
En guise d’exemple, le Québec interdira la culture du cannabis à domicile, même si Ottawa voulait le permettre pour lutter contre le crime organisé.