Le Journal de Montreal

Incursion au coeur de la magistratu­re

La juge retraitée qui a été la première magistrate du district de Hull publie cette semaine un livre sur sa carrière

- MICHAËL NGUYEN

Bien connue du public pour ses commentair­es sur l’actualité judiciaire, la juge retraitée Nicole Gibeault propose une rare incursion dans les coulisses de la magistratu­re avec son livre On m’appelle encore « Madame la juge ».

Pendant 23 ans comme juge à la Cour du Québec, Mme Gibeault n’avait pas le droit de faire des déclaratio­ns publiques ailleurs que sur le banc.

Maintenant que ce chapitre de sa vie est révolu, elle est régulièrem­ent invitée dans les médias pour analyser des procès et des jugements.

Mais en raison de son ancienne fonction, les questions sur sa vie de juge refont souvent surface, explique-t-elle en entrevue au Journal. Et c’est de là qu’elle a eu l’idée d’écrire un livre sur sa carrière.

« À 37 ans [lorsqu’elle a été nommée juge], je n’avais plus le droit de faire des entrevues ni de parler en public, dit Mme Gibeault. J’ai dû apprendre à me retenir, parce que je parle beaucoup ! Mais j’ai vécu des expérience­s que j’ai voulu transmettr­e en écrivant ce livre, avec authentici­té parce que je suis incapable d’être autrement. »

CARRIÈRE BIEN REMPLIE

C’est que la juge retraitée a eu une carrière bien remplie. Après avoir commencé sa carrière avant la Charte canadienne des droits et libertés, elle s’est imposée comme jeune avocate dans un milieu principale­ment masculin.

C’était à l’époque où les commentair­es de mononcles étaient fréquents, particuliè­rement lorsqu’elle allait rencontrer des détenus, peuton lire dans son livre.

Puis elle est devenue la première femme juge dans le district de Hull.

« C’est sûr que j’avais eu un petit frisson, je me demandais comment j’allais être acceptée », dit-elle en racontant la folie médiatique qui s’en était suivi.

Au fil de son récit de 150 pages, elle explique comment elle a accédé à la magistratu­re, mais aussi comment elle l’a vécue, de l’intérieur.

« Nous sommes humains, passionnés, on ne peut pas passer à côté de cela », affirme-t-elle.

BAGAGE DE JUGE

Pour illustrer les années qu’elle a passées au sein de la magistratu­re, Mme Gibeault explique que les deux seules toges qu’elle a portées sont « usées à la corde ».

Elle raconte la première condamnati­on qu’elle a prononcée, les drames, mais aussi les joies quand des accusés se sont repris en main.

« On représente une institutio­n, mais on a aussi un coeur, son bagage de vie, affirme-t-elle. Et ça, on n’en parle jamais. »

À sa retraite, Mme Gibeault est maintenant « de l’autre côté de la barrière ».

Elle a été très présente lors de grands procès, tels ceux de l’ex-cardiologu­e Guy Turcotte ou de l’assassin Luka Rocco Magnotta. Et elle explique au public le système judiciaire.

Car malgré les critiques – elle cite notamment l’arrêt Jordan sur les délais déraisonna­bles – elle voue un amour profond pour le système judiciaire, dans lequel elle a baigné pratiqueme­nt toute sa vie.

« Je l’aime encore et je vais continuer à le défendre », dit-elle au bout du fil.

Son livre, aux éditions Stanké, sera disponible à partir du 14 février.

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PHOTO COURTOISIE, ÉDITIONS STANKÉ La juge retraitée Nicole Gibeault a siégé 23 ans à la Cour du Québec.
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