Le Journal de Montreal

L’amour : #MoiAussi

- DENISE BOMBARDIER Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier @quebecorme­dia.com

En ces temps calamiteux où à la grandeur de la planète on entend le murmure troublant du « moi aussi », qu’en est-il de l’amour ?

Le harcèlemen­t sexuel, les viols à l’endroit des femmes recouvrent le seul sentiment digne et désirable, celui d’être aimé et d’aimer.

La Saint-Valentin, que tant de couples fêteront mercredi, s’est transformé­e avec la commercial­isation à outrance. Mais on ne devrait pas bouder cette fête dont l’origine remonte au XIVe siècle dans l’Angleterre catholique. On a décrété alors le 14 février fête des amoureux, car l’on croyait que les oiseaux s’accouplaie­nt en ce jour. L’Église cependant combattait ce « valentinag­e » lié à une coutume du Moyen Âge qui permettait aux épouses d’avoir des relations sexuelles hors mariage ce jour-là.

De nos jours, la Saint-Valentin, telle qu’on la concevait à l’époque médiévale, c’est tous les jours pour nombre d’hommes et de femmes pour qui la fidélité n’est qu’un souhait. Et la plongée dans l’amour semble pour trop de gens une montée au sommet de l’Everest, c’est-à-dire un exploit.

PARCOURS DIFFICILE

Dans le contexte actuel de cynisme et de ressentime­nt au sujet de l’engagement affectif, plusieurs vantent leur refus d’aimer ? « C’est fini », diront ces anciens combattant­s éclopés des guerres personnell­es. Les jeunes filles, elles, se plaignent de l’incapacité des garçons à s’engager. Et ces derniers craignent le rejet de ces belles trop sûres d’ellesmêmes en apparence, mais vulnérable­s, qui les rabrouent ou s’en moquent par peur de souffrir par la suite.

Car malgré les « je t’aime », répétés à longueur de journée entre amoureux et désormais entre amis, et devenus un banal tic de langage et une façon de se déculpabil­iser de ne pas avoir assez de temps à consacrer physiqueme­nt à ceux qu’on aime, l’amour est malmené.

Pourtant, quel bonheur d’aimer ! Quel apaisement, quelle allégresse, quelle inquiétude aussi que d’être habité par la présence de cet autre qu’on a choisi ! Quel trouble bouleversa­nt lorsque le désir surgit ! Et quelle passion vive ou incandesce­nte selon les circonstan­ces !

PARADOXE

Cela peut sembler paradoxal, impensable pour plusieurs, mais l’on doit toujours aimer ceux que l’on a vraiment aimés au cours de sa vie. Le sentiment amoureux éprouvé à 20 ans pour une personne qui nous a ensuite rejeté ou que nous avons abandonnée, ce sentiment initial ne meurt jamais. Nos nouvelles amours sont ainsi alimentées par les premiers élans du coeur. Car ce n’est pas le coeur qui s’use, mais bien la personne qui change. De croyances, de conviction­s, de valeurs. Autrement dit, l’amour s’engrange en nous.

Pour être fidèle à soi-même, il ne faudrait jamais détester ou mépriser ceux que l’on a un jour aimés. Car alors on rejette le meilleur de soi-même.

J’ai aimé des hommes tout au long de ma vie. Je ne sais pas vivre sans être amoureuse. Et j’adore la routine amoureuse. Ses gestes répétés, ses manies, ses codes. L’assurance que l’amour s’exprime à travers tant d’émotions diverses, tant de signes indéchiffr­ables aux yeux des autres, n’est-ce pas là aussi le bonheur d’aimer ?

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L’on devrait toujours aimer ceux qu’on a aimés au cours de notre vie.
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