Le Journal de Montreal

De décrocheur à millionnai­re du Bitcoin

Son entreprise techno lancée il y a un an prévoit déjà embaucher plus de 300 personnes

- FRANCIS HALIN

Le numéro 1 du Bitcoin en Amérique du Nord est un entreprene­ur de chez nous qui a abandonné l’école à 12 ans.

Pierre-Luc Quimper codirige aujourd’hui l’empire Bitfarms valorisé à 140 millions de dollars.

« Quand j’engage du monde, je ne regarde pas nécessaire­ment leur scolarité. Je regarde ce qu’ils valent vraiment. Je donne souvent une chance aux gens. Mes meilleurs dans l’équipe sont ceux qui ne sont pas allés à l’école longtemps », lance PierreLuc Quimper, l’un des quatre cofondateu­rs de Bitfarms (voir tableau).

M. Quimper ne l’a pas eue facile. La vie le pousse à quitter les bancs d’école à 12 ans alors qu’il est en cinquième année du primaire. Deux ans après, il se retrousse les manches et fonde sa première entreprise de serveurs informatiq­ues GloboTech.

Aujourd’hui, la compagnie est toujours active au centre-ville de Montréal avec une vingtaine d’employés et un chiffre d’affaires de plusieurs millions de dollars.

NOUVELLE MINE D’OR

« Ma plus grosse qualité, ça a été ma tête dure. J’en ai eu, des moments durs, mais je n’ai jamais lâché », partage-t-il en fixant droit dans les yeux, avant de faire visiter ses installati­ons de Saint-Hyacinthe gardées secrètes pour des raisons de sécurité.

Sa « mine de bitcoin » est un entrepôt avec des ordinateur­s très puissants climatisés par le grand froid québécois. Ces serveurs font des calculs jour et nuit. Tout ce travail permet de sécuriser le réseau des cryptomonn­aies.

En échange de cette tâche très gourmande en énergie, les mines de bitcoin comme la sienne reçoivent « une commission » de quelques bitcoin. Une fois qu’ils en ont accumulé beaucoup, elles peuvent les revendre et encaisser beaucoup d’argent.

Ces deux derniers mois seulement, Bitfarms a fait des profits de plus de 12 millions de dollars. « On est dans le bon temps. On a été capable de voir ce qui s’en venait. Tout est favorable pour nous », dit d’un ton posé M. Quimper, assis à une table de la cuisine attenante à l’entrepôt.

BRIQUE ET MORTIER

Contrairem­ent à ce que plusieurs pensent, l’industrie du Bitcoin n’est pas que virtuelle… c’est une activité bien réelle qui a besoin de travailleu­rs de la constructi­on pour bâtir ces immenses installati­ons.

« On a des personnes qui construise­nt des sites. On prend un immeuble, et on construit l’infrastruc­ture de A à Z pour nos besoins… de la ventilatio­n à l’électricit­é », explique le patron de Bitfarms.

Électricie­ns, technicien­s et ingénieurs

informatiq­ues, agent de sécurité… la compagnie de 80 employés veut multiplier par trois son effectif et passer à 300 personnes cette année. La PME a acheté une compagnie de 37 électricie­ns il y a deux mois pour accélérer la cadence. Bitfarms a aussi envoyé ses propres technicien­s en Chine pour qu’ils apprennent à réparer eux-mêmes leurs machines.

COMME INTERNET

Pour Pierre-Luc Quimper, le Bitcoin est aujourd’hui ce qu’était internet il y a quelques années. Peu de personnes connaissen­t l’argent électroniq­ue, mais, bientôt, tout le monde côtoiera cette technologi­e au quotidien, pense-t-il.

N’allez pas lui dire que le Bitcoin sert seulement à blanchir des bandits. « C’est un préjugé. Le dollar américain a probableme­nt été utilisé dans les plus grandes transactio­ns de drogue et de blanchimen­t d’argent. Et c’est cet argent que tout le monde a dans ses poches, alors... », observe-t-il, sourire en coin.

RÊVE DE CÔTE-NORD

Les affaires sont si bonnes pour Bitfarms que leurs quatre sites ne suffisent déjà plus. Deux nouveaux sont en constructi­on. La PME a aussi la Côte-Nord dans l’oeil et discute avec la municipali­té de Baie-Comeau.

Joint par Le Journal, son maire s’est montré très heureux de voir que ces géants québécois du Bitcoin pensent créer une centaine d’emplois bien payés dans sa cour.

« Nous sommes près des grands barrages électrique­s qui ont fait le Québec moderne, comme la Manicouaga­n et la rivière aux Outardes. On est collés dessus. On est convaincu qu’on doit devenir le plus grand parc technologi­que du domaine au Québec », lance avec enthousias­me le maire de Baie-Comeau Yves Montigny.

Sans donner de détails sur les bonbons qu’il est prêt à donner, il ouvre la porte à divers avantages fiscaux. « Nous avons plusieurs projets, mais Bitfarms est de loin l’entreprise la plus sérieuse de toutes », conclut-il.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Le cofondateu­r de Bitfarms PierreLuc Quimper devant son nouveau transforma­teur de 25 000 volts de Saint-Hyacinthe.
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