Le « King » de son sport
Mikaël Kingsbury écrase la compétition et devient champion olympique
BOKWANG | À l’âge de neuf ans, Mikaël Kingsbury avait fait un dessin dans lequel il avait illustré les anneaux olympiques et son souhait de remporter une médaille d’or un jour. Sur la piste des bosses du parc Phoenix, son rêve est devenu réalité.
Malgré quelques embûches, le skieur a signé la victoire la plus importante de sa carrière lors de la finale masculine de sa discipline. Encore une fois, Kingsbury a livré sa meilleure course de la soirée au bon moment.
En super finale, où les six meilleurs athlètes étaient regroupés, il a été impérial avec une note de 86,63 points. Le « king » des bosses a terminé plus de quatre points devant son plus proche poursuivant, l’Australien Matt Graham (82,57). Le surprenant Japonais Daichi Hara (82,19) a complété le podium.
« Quand je suis arrivé ici, j’avais beaucoup de pression. J’avais tout gagné ce qui est possible dans mon sport. C’était mon moment et je ne voulais pas le louper », a affirmé Kingsbury.
« Le feeling est incroyable et je n’ai pas de mots pour décrire cette sensation. J’ai l’impression d’avoir vécu cette journée-là un million de fois dans mes rêves. C’est maintenant une réalité. J’ai tellement hâte d’avoir cette médaille-là dans mon cou. »
UNE VICTOIRE SUR LE STRESS
Dans les minutes suivant la confirmation de sa conquête, Kingsbury s’est rappelé l’objectif qu’il s’était fixé il y a une quinzaine d’années.
« Lorsque je regardais les Jeux de Salt Lake City [2002], j’avais dessiné les anneaux olympiques et j’avais écrit que j’allais gagner, a expliqué l’athlète de 25 ans. J’avais collé mon dessin en haut de mon lit.
« Je me suis réveillé tous les jours de ma vie avec cet objectif-là [gagner les JO]. Je le voyais tous les matins et tous les soirs. À un moment, ça finit par rentrer. »
Kingsbury a connu une soirée de travail où la gestion de ses émotions a été mise à rude épreuve.
« Je n’ai jamais été stressé de même de toute ma vie, a confié le skieur. Je me suis couché stressé, mais je me sentais bien le lendemain. Plus les heures défilaient, plus j’étais stressé même si je me disais de ne pas l’être.
« J’essayais de penser à autre chose qu’au ski, mais je n’étais pas capable. J’avais comme un point dans la poitrine. »
On l’a constaté lors de la première descente, où ses repères n’étaient pas à point.
« J’étais tendu et un peu perdu, a-t-il souligné. Ça paraissait bien, mais j’étais en retard dans mes virages. »
Par contre, il a corrigé le tir pour la super finale. On a reconnu le Kingsbury dominant de la dernière année.
« J’avais visualisé ma descente. J’ai été plus rapide dans mon absorption et c’est ce qui a causé mes petites erreurs lors des deux rondes précédentes. Lorsque j’ai vu ma note de 86, j’ai crié et j’ai figé en même temps. Avec un adversaire qui n’avait jamais obtenu de podium sur la Coupe du monde et pas mon degré de difficulté, c’était presque dans la poche. »
UNE HÉCATOMBE
Kingsbury a remporté une compétition un peu folle. Plusieurs grosses pointures ont été écartées du podium lors de la deuxième finale, dont les Japonais Ikuma Horishima et Sho Endo ainsi que le Kazakh Dmitriy Reikherd.
Un scénario que peu d’observateurs avaient prédit. Il y a donc eu des invités surprises en super finale, mais qui n’étaient pas habitués à la pression qui accompagnait cette étape.
« Lorsque j’ai vu que Reikherd [deuxième au classement de la Coupe du monde] était éliminé, je me suis dit : “see you later !” [à la prochaine] », a conclu Kingsbury avec le sourire.