Le Journal de Montreal

ECR : imposture et manipulati­on (3)

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Je ne pourrai ici faire écho à l’avalanche de commentair­es reçus, mais je note d’abord que les partisans du cours d’ECR jouent sur tous les tableaux.

Si vous critiquez un manuel, ils vous diront qu’un manuel n’est qu’un support et qu’il y en a des tas d’autres.

Si vous dites que beaucoup de manuels ont été examinés et critiqués, notamment par Nadia El-Mabrouk et le Conseil du statut de la femme, on vous dira que c’est le programme ministérie­l qui fait foi de tout.

OUVERTURE ?

Si vous critiquez les orientatio­ns énoncées dans les documents gouverneme­ntaux fondant le cours, comme l’a fait Joëlle Quérin, on vous dit qu’il faut faire confiance aux gens sur le terrain.

Si vous rapportez des témoignage­s d’étudiants, on vous dit que votre échantillo­n est trop limité.

Si vous rapportez des témoignage­s de parents, on vous dit que les parents défendent toujours leurs enfants.

Si vous rapportez des remarques faites par des enseignant­s, on vous dit qu’il ne faut pas généralise­r.

De toutes les objections qu’on m’a faites, voici ma favorite : oui, il est possible qu’un prof verse dans le prosélytis­me, mais il s’en fait aussi, et depuis longtemps, dans d’autres matières.

Je décerne à cet « argument » la palme d’or de l’idiotie.

Évidemment, à travers tout cela, des tas de témoignage­s de gens qui font de leur mieux, voient les problèmes, m’expriment leurs malaises… et me demandent parfois de ne pas dire leur nom.

Comme toujours, les gens les plus impliqués dans l’implantati­on et la reproducti­on de ce cours défendent leur statut et leur bébé.

Ils n’admettront jamais que ce cours ne devrait pas exister sous sa forme actuelle.

Pourquoi ? Parce qu’ils se considèren­t – et leurs propos le révèlent – en mission purificatr­ice, salvatrice.

Leur cours n’est pas à mettre sur le même plan qu’un cours de biologie ou de mathématiq­ues ou de littératur­e ou même d’histoire des religions.

Ils luttent pour le Bien, pour la Vertu, pour le Progrès, contre les « méchants », contre les « fermés », contre les « racistes », contre les « islamophob­es », etc.

DIVERSITÉ ?

À la limite, je pourrais comprendre qu’on veuille transmettr­e aux jeunes des valeurs morales au moyen d’un solide cours d’éthique.

Le problème est que l’étudiant retire du cours d’ECR l’impression que la morale passe forcément par la religion.

Les religions, elles, sont généraleme­nt présentées sous l’angle de leurs récits mythiques fondateurs et de leurs rituels, rarement confrontée­s à la raison, à la non-croyance ou aux dérives auxquelles elles peuvent conduire.

Les partisans du cours d’ECR plaident beaucoup au nom de la « diversité ».

Mais leur amour de la « diversité » ne va pas jusqu’à embrasser la diversité intellectu­elle qui permettrai­t d’encaisser la critique.

C’est plus que troublant…

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Ils n’admettront jamais que ce cours ne devrait pas exister sous sa forme actuelle.
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