Le Journal de Montreal

On promet une autre vie pour 100% du verre sans consigne

Les centres de tri assurent pouvoir éviter la poubelle à cette matière

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

La totalité du verre récupéré au Québec évitera la poubelle d’ici deux ans, même sans instaurer une consigne, selon des dirigeants de centres de tri.

« Mon pari, c’est que dans deux ans on va être à 100 %, vous allez voir », sourit Frédéric Potvin, le directeur général des trois centres de tri Tricentris. L’entreprise récupère les bacs bleus de 234 municipali­tés, dont ceux de Terrebonne et de Gatineau.

M. Potvin assure que ses investisse­ments dans de nouveaux équipement­s de tri du verre lui permettent aujourd’hui d’éviter que les minuscules tessons se mélangent aux autres matières et fassent du verre un nuisible qu’on envoie au dépotoir. La consigne serait donc inutile, d’après lui.

Au total, 30 % de la collecte sélective du Québec passe par un des trois centres de tri de Tricentris. Le verre qui en est tiré est acheminé à Lachute où l’entreprise exploite une usine de transforma­tion du verre.

L’endroit n’en était qu’au stade des balbutieme­nts lors du dernier bilan de Recyc-Québec qui indiquait que 86 % du verre récupéré dans la province finissait à la poubelle.

Depuis, Tricentris a obtenu les droits exclusifs d’utilisatio­n d’une technologi­e de revalorisa­tion du verre développée à l’Université de Sherbrooke. Elle permet de transforme­r le verre en une poudre utilisée dans la constructi­on d’infrastruc­tures.

SABLE DE PISCINE

Le volume de Verrox produit et vendu demeure toutefois « anecdotiqu­e », admet M. Potvin, ajoutant que « ça prend du temps de faire un marché ».

En attendant, le gros du verre récupéré par ses centres de tri sert à faire du sablage au jet et du sable de filtration de piscine.

Les villes membres de Tricentris sont actuelleme­nt les principale­s utilisatri­ces du Verrox, qui leur est cédé à moindres coûts, voire même gratuiteme­nt. Les maires contrôlent d’ailleurs le conseil d’administra­tion de l’entreprise.

« C’est important pour les élus que les citoyens voient que leur verre, on s’en occupe bien », insiste le maire de Lachute et président du CA de Tricentris, Carl Péloquin.

MARCHÉ ARTIFICIEL

Sceptique, Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, y voit un marché artificiel coûteux qui ne résout en rien le problème du recyclage du verre.

M. Ménard rappelle que pendant qu’on transforme notre verre récupéré en poudre, les fabricants de verre québécois, dont Owens Illinois, doivent aller chercher du verre récupéré ailleurs pour le recycler. Pour résoudre ce problème, Owens Illinois s’est prononcée en faveur de la consigne.

Mais Maryse Vermette d’Éco Entreprise­s Québec (EEQ) indique que, en plus de ceux de Tricentris, cinq autres centres de tri qui captent 25 % du verre de la collecte sélective ont installé en septembre de nouveaux équipement­s de tri du verre.

Ceux-ci devraient permettre de fournir du verre de meilleure qualité aux fabricants de verre sans consigne, dit-elle.

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À l’usine de micronisat­ion du verre de Tricentris à Lachute, on fabrique une poudre qui peut être utilisée, notamment, pour remplacer 30 % du bitume dans la fabricatio­n de l’asphalte ou encore 30 % du ciment dans les ouvrages en béton.
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CARL PÉLOQUIN Maire de Lachute

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