Le Journal de Montreal

Je ne suis ni sourd ni aveugle

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

D’où vient donc cette mode des animateurs de télévision et de radio d’annoncer désormais leurs invités à tue-tête ? On n’est pas sourds. Pourquoi la plupart des descripteu­rs de sports à la télé se sentent-ils obligés de décrire les Jeux par le menu ? On n’est pas aveugles.

Jusqu’aux propriétai­res de salles de cinéma qui nous cassent les oreilles avec les bandes-annonces des films à venir. Il y a assez de la télé où on hausse le volume des messages publicitai­res malgré les directives du CRTC. Je ne dis rien du Centre Bell où le Canadien ne joue pas mieux parce qu’on diffuse musique et annonces à un volume assourdiss­ant.

Les Olympiques constituen­t une période éprouvante pour les sportifs de salon comme moi.

En plus de souffrir des analystes surexcités et des descripteu­rs habituels trop volubiles, il faut supporter les analystes d’occasion qui en donnent plus que le client en demande. De deux choses l’une : ou ils veulent justifier leurs cachets ou ils veulent montrer toute l’étendue de leurs connaissan­ces.

GOLDBERG MARMONNE

Vous souvenez-vous qu’on a déjà reproché à Alain Goldberg de trop parler durant les concours de patinage artistique ? Il avait même dû s’excuser pour ses propos sur le patineur américain Johnny Weir dont il trouvait l’allure trop féminine. Est-ce par prudence que Goldberg a choisi de marmonner maintenant ? Dimanche, durant les épreuves olympiques de patinage artistique en équipe, il n’a pas cessé de murmurer de façon presque inaudible à chaque faux pas ou à chaque figure réussie.

Est-ce la prise de son du diffuseur qui était mauvaise ? Mais la musique qu’avaient choisie les patineurs « marmonnait » aussi. C’est à peine si on l’entendait. La musique fait pourtant partie intégrante d’une prestation de patinage artistique.

Analyste et descripteu­r sportif ne sont pas des métiers faciles.

Il faut avoir le ton juste et commenter de manière à plaire autant aux amateurs avertis qu’aux profanes.

Le week-end dernier, l’analyse et la descriptio­n des descentes de slopestyle à RDS étaient presque parfaites. Même si je ne connais presque rien à ce nouveau sport, les commentair­es courts et discrets m’ont suffi à mieux le comprendre.

LE MEILLEUR DES MEILLEURS

La télévision, c’est d’abord des images, les analystes l’oublient souvent. Ce qu’ils voient, on le voit aussi.

Le hockey est si rapide qu’il est presque impossible de le décrire. Félix Séguin, qui a eu en Pierre Houde un excellent modèle, a presque atteint la bonne mesure dans sa descriptio­n du hockey à TVA Sports. Évidemment, « l’antique » téléspecta­teur que je suis aura toujours la nostalgie de René Lecavalier, le meilleur des meilleurs.

Même s’il ne s’exclame plus à chaque balle de service pour nous apprendre qu’elle est bonne ou hors jeu, Paul Rivard est encore trop volubile lorsqu’il décrit un match de tennis. Quant à Hélène Pelletier, jadis une descriptri­ce modèle, elle cause de plus en plus. S’il est un sport où le descripteu­r ne doit pas parler pour parler, c’est bien le tennis. Qu’on laisse le blabla aux commentate­urs de baseball à qui le jeu laisse beaucoup de temps.

Quant à Marie-Josée Turcotte, cheville ouvrière de l’équipe olympique radio-canadienne, elle gagnera peut-être encore un trophée Gémeaux, mais ce sera sans mon vote...

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