Le Journal de Montreal

LA FIERTÉ D’UNE FAMILLE ET D’UNE MONTAGNE

- François-David Rouleau FDRouleauJ­DM

SAINT-SAUVEUR | Il n’était pas 6 heures du matin hier que le bar du Sommet Saint-Sauveur était plein à craquer. Mikaël Kingsbury, la fierté d’une famille et d’une montagne, était encouragé par une armée de partisans. Le magicien des bosses leur a livré une performanc­e royale au bout d’un spectacle enlevant.

La nervosité était palpable dans les finales de l’épreuve des bosses en ski acrobatiqu­e. Comme si chacun des quelque 200 partisans s’étant réveillés aux aurores portait une partie de la lourde pression de l’athlète. L’homme des grandes occasions n’a pas déçu.

Quand la note de 86,63 est apparue à l’écran après une dernière descente magistrale, les applaudiss­ements et les cris de joie ont retenti dans toute la montagne, sûrement même jusqu’au coeur du petit village des Laurentide­s. Un endroit où le skieur a grandi et s’y trouve comme à la maison.

Et quand le titre olympique lui a été confirmé, les larmes de joie ont coulé sur les joues des nombreux membres de la famille et amis jusqu’à ce que son frère Maxime et sa soeur Audrey sablent le champagne en son honneur.

Kingsbury chérissait cette victoire depuis sa tendre enfance. Dans une grande famille tissée serrée, grandmaman Marie-Marthe, frère, soeur, oncles, tantes, cousins et cousines partageaie­nt son rêve. Et comme ses oncles l’ont mentionné, son grand-papa Réal aussi. Le patriarche de la famille Kingsbury est toutefois parti trop tôt, décédé l’an dernier.

« Je suis sûr qu’il était là-bas avec lui et qu’il l’a vu, ont mentionné les oncles de Mikaël, Gilles et Rémi, les yeux dans l’eau. Mik a pensé à lui, c’est certain. Il la désirait tellement.

« C’est un soulagemen­t d’une tonne de pression, a laissé tomber avec émotion Gilles Kingsbury, un autre oncle. Nous savions qu’il réussirait. Il se préparait à ce moment depuis tellement longtemps. »

À LA CHASSE

Pierre-Alexandre Rousseau avait fait la route depuis Québec pour assister à cet événement. Le bosseur qui avait pris le cinquième rang à Vancouver en 2010 avait les yeux rougis après la consécrati­on du Québécois en Corée.

« Je crois que c’était plus facile de descendre à Whistler en 2010 que de regarder Mik à la télévision ce matin [hier], a-t-il témoigné, encore sous le coup de l’émotion. Il est resté en contrôle dans sa descente et il a su maîtriser la piste. Il a chassé la médaille d’or. »

« LE MEILLEUR DE TOUS LES TEMPS »

Mikaël sait se démarquer dans les grands moments. Il l’a encore prouvé. Accompagné de sa conjointe Anne et de la petite nouvelle de la famille, Florence, son frère Maxime n’a jamais douté.

« Ça fait quatre ans qu’il se fait parler de cette descente olympique. Il voulait la victoire. C’est le meilleur de tous les temps. Il m’a impression­né, a-t-il lâché. Quand ça compte, il est là. D’autres se seraient écroulés sous la pression. Lui, il a performé. C’est une grande force. Cette descente, c’était clutch ! »

« Il est tellement performant depuis quatre ans que tout le monde s’attendait à ce qu’il gagne. Il a tout accompli, il ne lui manquait que l’or olympique. Il l’a gagnée. C’est incroyable », s’est exclamée Audrey, consciente du stress encaissé par son frère.

Celle-ci gardera en souvenirs son visage au moment de grimper sur le podium, les bras au ciel en guise de champion.

« J’ai vu à quel point il était heureux. C’est la plus belle journée de sa vie. Je ne pouvais espérer mieux. »

Quand il défendra son titre dans quatre ans à Pékin, elle compte bien être présente à ses côtés.

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PHOTO FRANÇOIS-DAVID ROULEAU Une armée d’admirateur­s de Mikaël Kingsbury a suivi avec anxiété le parcours de celui qui allait éventuelle­ment devenir champion olympique, hier au bar du Sommet Saint-Sauveur.
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