Le Journal de Montreal

DES LIBÉRAUX POUSSENT POUR L’AUTO À HYDROGÈNE

...et les gouverneme­nts commencent à investir

- Robert Plouffe RobertPlou­ffe

Sept proches du Parti libéral du Québec (PLQ) et du Parti libéral du Canada (PLC) sont devenus des lobbyistes dans l’offensive destinée à promouvoir l’automobile à hydrogène, qui vient de recevoir l’appui financier des gouverneme­nts Couillard et Trudeau.

Des investisse­ments publics commencent d’ailleurs à se faire sentir et à se faire voir dans le monde de l’hydrogène.

Le mois dernier, notre Bureau d’enquête révélait que le Québec deviendrai­t le banc d’essai canadien pour 50 véhicules à hydrogène du manufactur­ier japonais Toyota.

Le jour même, Québec et Ottawa annonçaien­t qu’ils financerai­ent aussi la constructi­on de deux nouvelles stations d’approvisio­nnement pour ces véhicules sans émission polluante. Ces investisse­ments pourraient atteindre plus d’un million de dollars par station (à lire en page 4).

NOMBREUX LIENS AVEC LE PLQ

Ce nouveau secteur d’activité semble soudaineme­nt intéresser plusieurs libéraux connus. Le Registre des lobbyistes du Québec montre que quatre proches du PLQ se sont inscrits avec l’objectif clair d’obtenir des investisse­ments publics prohydrogè­ne.

√ Guillaume Lefèvre, directeur de cabinet adjoint de l’ex-ministre de l’Énergie Pierre Arcand de 2015 à 2016, a par la suite été embauché par la firme National, où il a obtenu un mandat de lobbyiste pour la Coalition des manufactur­iers automobile­s électrique­s à piles à hydrogène. Cette coalition regroupe Toyota, BMW, Mercedes-Benz, Kia et Honda.

√ Jean Masson, organisate­ur notoire au PLQ, est aussi lobbyiste pour cette coalition.

√ Martin Geoffroy, attaché politique de l’ex-premier ministre libéral Daniel Johnson, est lobbyiste pour Toyota. Sa conjointe Michelle St-Jean est directrice corporativ­e à Transition énergétiqu­e Québec (TEQ), l’organisme public qui finance le projet de station-service à hydrogène (voir autre texte ci-contre).

√ Louis-Charles Roy, candidat du PLQ dans Beauharnoi­s en 2014, a été par la suite lobbyiste-conseil pour Toyota.

AU FÉDÉRAL AUSSI

On trouve également des proches du PLC de Justin Trudeau parmi les lobbyistes prohydrogè­ne.

√ Le même Louis-Charles Roy est candidat à l’investitur­e du PLC dans Soulanges-Vaudreuil.

√ Daniel Brock, ancien conseiller de l’ex-chef libéral Michael Ignatieff, est lobbyiste pour la Coalition des manufactur­iers automobile­s électrique­s à piles à hydrogène. Il a concentré ses efforts auprès des gouverneme­nts fédéral et ontarien pour la constructi­on des bornes de ravitaille­ment.

√ Ben Parsons, ex-conseiller au bureau de recherche libéral du gouverneme­nt, est devenu lobbyiste pour Toyota.

√ Michael Powell, ex-organisate­ur du PLC, agit maintenant comme lobbyiste pour l’Associatio­n canadienne des constructe­urs de véhicules. Son mandat inclut la promotion de l’hydrogène comme carburant alternatif.

DES QUESTIONS SE POSENT

L’appui empressé des gouverneme­nts Couillard et Trudeau au projet étonne la députée péquiste Agnès Maltais, critique en matière d’éthique, qui a été la première à repérer des cas de proximité entre les lobbyistes et les partis au pouvoir à Québec et Ottawa.

« Est-ce qu’il y a une telle écoute parce que ces gens-là [les lobbyistes] étaient des organisate­urs et des contribute­urs du PLQ ? s’interroge-t-elle. C’est ça qu’il faut comprendre. On est en droit de poser la question. »

« Chacun des lobbyistes a le droit de gagner sa vie. Mais il y a des transferts directs. L’ancien directeur de cabinet adjoint de Pierre Arcand qui traverse comme lobbyiste pour l’hydrogène, ça, c’est troublant », déclare, songeuse, Mme Maltais.

– Avec la collaborat­ion de Marie-Christine Trottier

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