DES LIBÉRAUX POUSSENT POUR L’AUTO À HYDROGÈNE
...et les gouvernements commencent à investir
Sept proches du Parti libéral du Québec (PLQ) et du Parti libéral du Canada (PLC) sont devenus des lobbyistes dans l’offensive destinée à promouvoir l’automobile à hydrogène, qui vient de recevoir l’appui financier des gouvernements Couillard et Trudeau.
Des investissements publics commencent d’ailleurs à se faire sentir et à se faire voir dans le monde de l’hydrogène.
Le mois dernier, notre Bureau d’enquête révélait que le Québec deviendrait le banc d’essai canadien pour 50 véhicules à hydrogène du manufacturier japonais Toyota.
Le jour même, Québec et Ottawa annonçaient qu’ils financeraient aussi la construction de deux nouvelles stations d’approvisionnement pour ces véhicules sans émission polluante. Ces investissements pourraient atteindre plus d’un million de dollars par station (à lire en page 4).
NOMBREUX LIENS AVEC LE PLQ
Ce nouveau secteur d’activité semble soudainement intéresser plusieurs libéraux connus. Le Registre des lobbyistes du Québec montre que quatre proches du PLQ se sont inscrits avec l’objectif clair d’obtenir des investissements publics prohydrogène.
√ Guillaume Lefèvre, directeur de cabinet adjoint de l’ex-ministre de l’Énergie Pierre Arcand de 2015 à 2016, a par la suite été embauché par la firme National, où il a obtenu un mandat de lobbyiste pour la Coalition des manufacturiers automobiles électriques à piles à hydrogène. Cette coalition regroupe Toyota, BMW, Mercedes-Benz, Kia et Honda.
√ Jean Masson, organisateur notoire au PLQ, est aussi lobbyiste pour cette coalition.
√ Martin Geoffroy, attaché politique de l’ex-premier ministre libéral Daniel Johnson, est lobbyiste pour Toyota. Sa conjointe Michelle St-Jean est directrice corporative à Transition énergétique Québec (TEQ), l’organisme public qui finance le projet de station-service à hydrogène (voir autre texte ci-contre).
√ Louis-Charles Roy, candidat du PLQ dans Beauharnois en 2014, a été par la suite lobbyiste-conseil pour Toyota.
AU FÉDÉRAL AUSSI
On trouve également des proches du PLC de Justin Trudeau parmi les lobbyistes prohydrogène.
√ Le même Louis-Charles Roy est candidat à l’investiture du PLC dans Soulanges-Vaudreuil.
√ Daniel Brock, ancien conseiller de l’ex-chef libéral Michael Ignatieff, est lobbyiste pour la Coalition des manufacturiers automobiles électriques à piles à hydrogène. Il a concentré ses efforts auprès des gouvernements fédéral et ontarien pour la construction des bornes de ravitaillement.
√ Ben Parsons, ex-conseiller au bureau de recherche libéral du gouvernement, est devenu lobbyiste pour Toyota.
√ Michael Powell, ex-organisateur du PLC, agit maintenant comme lobbyiste pour l’Association canadienne des constructeurs de véhicules. Son mandat inclut la promotion de l’hydrogène comme carburant alternatif.
DES QUESTIONS SE POSENT
L’appui empressé des gouvernements Couillard et Trudeau au projet étonne la députée péquiste Agnès Maltais, critique en matière d’éthique, qui a été la première à repérer des cas de proximité entre les lobbyistes et les partis au pouvoir à Québec et Ottawa.
« Est-ce qu’il y a une telle écoute parce que ces gens-là [les lobbyistes] étaient des organisateurs et des contributeurs du PLQ ? s’interroge-t-elle. C’est ça qu’il faut comprendre. On est en droit de poser la question. »
« Chacun des lobbyistes a le droit de gagner sa vie. Mais il y a des transferts directs. L’ancien directeur de cabinet adjoint de Pierre Arcand qui traverse comme lobbyiste pour l’hydrogène, ça, c’est troublant », déclare, songeuse, Mme Maltais.
– Avec la collaboration de Marie-Christine Trottier