Pas de sanctions pour les médecins spécialistes
QUÉBEC | En vertu de l’entente arrachée par leur fédération, les médecins spécialistes qui n’ont pas atteint les objectifs fixés de prestation de services ne feront pas face à des sanctions, confirme Gaétan Barrette.
Suspendue depuis son adoption en 2015, la loi 20 – qui oblige les médecins à prendre en charge plus de patients – devait entrer en application à la fin du mois de décembre. Mais la nouvelle entente conclue avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) – dont les détails n’ont pas encore été dévoilés – reporte d’un an son application.
« Il n’y a pas de pénalités, là, mais la loi 20 demeure », a confirmé le ministre de la Santé, hier.
CAROTTE CONTRE BÂTON
Idem pour la loi 130, qui donne aux hôpitaux le pouvoir de punir les médecins qui ne répondent pas aux besoins des établissements. Le bâton a été remplacé par des primes – prises à même les enveloppes consenties aux spécialistes – qui seront versées aux médecins qui devront assurer une couverture de services.
Gaétan Barrette refuse toutefois d’y voir un désaveu de sa réforme.
« Pensez-vous vraiment que cette entente-là existerait aujourd’hui s’il n’y avait pas eu la loi 130 ? » dit-il.
Quant aux 480 millions $ qui seront décaissés par le gouvernement au cours des quatre prochaines années, le gouvernement assure qu’il s’agit des sommes dues aux spécialistes en raison des hausses reportées dans le passé. « Il n’y a pas d’argent neuf », promet le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand.
L’entente a été dénoncée par les deux principaux partis d’opposition, hier. Le chef du PQ, Jean-François Lisée, a rappelé au premier ministre qu’il estimait en 2015 que le rattrapage salarial des médecins était terminé.
Philippe Couillard s’est défendu en soutenant que « tout ce qui est versé aux médecins est le résultat de dettes provenant d’ententes précédentes ».
MÉDECINS EN DÉSACCORD
Le montant de près de 500 millions $ remis aux spécialistes par Québec est décrié par les Médecins québécois pour le régime public (MQRP). Ils estiment que cet argent serait mieux investi pour améliorer l’accès aux soins, notamment l’embauche d’infirmières.
« Les médecins sont assez payés […] Ce sont déjà les travailleurs les mieux payés du réseau de la santé », plaide le vice-président du MQRP, Éric Tremblay. L’urgentologue souligne que rien ne prouve que d’augmenter leur salaire améliore la productivité des médecins, et encore moins la qualité des soins.