Le Journal de Montreal

Seulement des saucisses

- MATHIEU BOULAY

GANGNEUNG | Avec les rencontres présentées tard en soirée au tournoi olympique, il faut savoir trouver le temps de souper pendant sa préparatio­n d’avantmatch. Toutefois, il faut que les concession­s puissent collaborer à atteindre cet objectif.

Après une attente d’une vingtaine de minutes, je m’avance pour commander à l’un des comptoirs alimentair­es de l’aréna de Gangneung.

« J’aimerais avoir un plat de nachos, svp. »

La dame sud-coréenne me répond avec un sourire : « On n’en a pas. »

« Est-ce que je peux avoir un sandwich alors ?

« On n’en a pas non plus. On a seulement des saucisses », me dit-elle avec sourire et gentilless­e.

Quelques minutes plus tôt, j’avais vu son gérant sortir plusieurs sacs de saucisses du réfrigérat­eur avant de les mettre dans une cuve à vapeur. À première vue, elles n’étaient pas d’une couleur appétissan­te. Ça tirait pas mal sur le gris pâle, je dirais.

En pensant à cette scène, j’ai décidé de revenir sur ma position et de laisser faire la nourriture. Je commande finalement un café et une bouteille d’eau, rien pour défoncer mon quotidienn­e de 80 $.

Ah oui ! Pour mon café de type américano, le restaurant n’avait pas de lait, pas de crème ou de sucre. Donc, j’ai dû me résigner à le prendre noir pour la première fois de ma vie. Je ne me plaindrai pas. Il y a pire dans la vie, mais c’était spécial.

Deuxième leçon de mes premiers JO : toujours casser la croûte avant d’entrer à l’aréna.

CRAMPE MENTALE PRISE 2

Je n’étais pas au bout de mes peines. À la sortie de l’aréna après la victoire de 4 à 0 du Canada contre la Corée, j’ai sauté dans la mauvaise navette pour revenir à mon hébergemen­t. Pourtant, le chauffeur de l’autobus a crié très fort : « Hôtttteeee­lll! » avant de procéder à l’embarqueme­nt de ses passagers.

Possibleme­nt absorbé par la rédaction que j’avais à faire, je ne l’ai pas entendu et j’ai pris place dans l’autocar où il y avait l’équipe de diffusion des matchs de Radio-Canada. C’est l’animatrice Diane Sauvé qui me dit avec gentilless­e : « Cet autobus s’en va à l’hôtel et c’est à une quarantain­e de minutes de l’aréna. Ne t’en fais pas, tu pourras appeler un taxi et tu pourras revenir au village des médias. Ça ne coûtera pas trop cher. »

Je me suis rendu à l’hôtel de mes collègues et j’ai sauté dans un taxi pour me diriger finalement vers mon hébergemen­t. La course d’une vingtaine de minutes m’a coûté 10 000 won sud-coréens (11,75 $ canadiens). Je m’en suis bien tiré, mais on va souhaiter que ce soit ma dernière mésaventur­e du genre.

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