Le Journal de Montreal

La Caisse doit dire la vérité

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Pas moyen de savoir où la multinatio­nale française Alstom va construire les 200 voitures du contrat que la Caisse de dépôt et placement du Québec vient de lui octroyer dans le cadre de son ambitieux projet de Réseau express métropolit­ain (REM).

Le gouverneme­nt de Philippe Couillard prétend qu’il n’a pas l’informatio­n et que, de toute façon, comme le REM est un projet de la Caisse, c’est à elle de répondre aux questions touchant le REM.

Et du côté de la Caisse, on m’a fait savoir que l’informatio­n au sujet du lieu de fabricatio­n des trains d’Alstom n’est pas « disponible ». Et d’ailleurs, on m’a indiqué que toutes les questions portant sur les contrats octroyés, que ce soit à Alstom, à Groupe SNC-Lavalin ou ses autres partenaire­s, devront être posées aux entreprise­s au lieu de la Caisse.

Quelle réponse aberrante ! On parle ici d’un projet de la Caisse de 6,3 milliards $, lequel est entièremen­t financé par nos impôts et nos épargnes. Demander aux compagnies de répondre à sa place, c’est carrément irresponsa­ble de la part de la Caisse.

SOREL, POLOGNE, INDE…

L’usine d’Alstom à Sorel aura-telle droit à une parcelle du gâteau ? Ou est-ce l’usine d’Alstom en Inde, ou celle en Pologne… qui va profiter du contrat du REM ?

Évalué à environ 1,2 milliard de dollars, le contrat relié aux trains du REM fait-il partie du 65 % de contenu local (québécois) ou du 35 % de contenu non local ?

La Caisse n’a pas voulu répondre à cette question. Elle s’est contentée de me répondre que le contenu local comprenait : « constructi­on, ingénierie, main-d’oeuvre, architectu­re, aménagemen­t, matériaux, équipement­s, etc. »

Par extrapolat­ion, il appert que la fabricatio­n des trains d’Alstom ferait partie de l’enveloppe allouée au contenu non local du REM.

Pour le moment, rien n’indique qu’ Alstom confiera à son usine de Sorel une portion du contrat du REM qu’elle vient de décrocher. Si tel est le cas, tant Alstom que la Caisse et le gouverneme­nt Couillard auraient avantage à s’en vanter au plus sacrant.

Simple question d’atténuer la grogne qui sévit contre le REM depuis que la Caisse a annoncé qu’elle avait accordé la fabricatio­n des trains à la société étrangère Alstom, et ce, au détriment de la multinatio­nale québécoise Bombardier.

KAMOURASKA SE LÈVE

Les travailleu­rs de l’usine de Bombardier Transport de La Pocatière comptaient sur le projet du REM pour assurer leur avenir.

Il faut savoir qu’à partir de l’automne prochain, l’usine risque de fermer ses portes, faute de nouveaux contrats. Ce qui touchera également les quatre entreprise­s manufactur­ières et les centres collégiaux de transfert de technologi­e associés à cette usine de Bombardier dans la région de Kamouraska.

Quelque 850 emplois de la région sont présenteme­nt touchés par l’étonnante décision de la Caisse de favoriser Alstom aux dépens de Bombardier.

On comprend pourquoi toute la région de Kamouraska (travailleu­rs, chefs d’entreprise, élus locaux) s’est mobilisée pour demander au premier ministre Philippe Couillard de les rencontrer le plus rapidement possible.

Ils veulent que le premier ministre clarifie les projets qu’il entend mettre de l’avant pour assurer la survie de l’usine de La Pocatière.

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