Le Journal de Montreal

UN CURLEU R DOPÉ, LA « FAMILLE » PRUDENTE

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PYEONGCHAN­G | (AFP) Pour la famille du curling, le contrôle positif du curleur russe Alexander Krushelnit­sky lors des JO de Pyeongchan­g soulève plus de questions que de colère, pointant notamment le peu d’intérêt à se doper dans ce sport.

Pourquoi le faire dans un sport de précision, a priori pas forcément très exigeant physiqueme­nt ? Une interrogat­ion de béotien, presque instinctiv­e tant les mots curling et dopage semblent incompatib­les. Mais la question était bien sur toutes les lèvres après l’officialis­ation du cas de dopage, chez les curleurs...

« Je suis sûr que la plupart des gens vont penser mais quel intérêt ont-ils à se doper ? Qu’est-ce que ça apporte ? comme je le pense moi », a résumé la membre de l’équipe danoise Madeleine DuPont.

Ce sport, alliant précision et tactique, où les sportifs lancent des pierres de granit polies pour se rapprocher le plus possible du centre de la cible, ne nécessite à première vue pas de qualités athlétique­s au-dessus de la moyenne.

« Je ne suis même pas sûre de ce que vous pourriez utiliser comme dopant pour le curling. Pour la force ? Ce n’est pas vraiment un allié », abonde DuPont.

« ALEXANDER N’EST PAS STUPIDE »

Se doper en curling serait donc un non-sens ? Dans le camp russe, c’est en tout cas l’axe de défense et le sentiment qui domine. « C’est stupide et Alexander n’est pas stupide », a tonné hier Sergei Belanov, l’entraîneur du médaillé de bronze dans la compétitio­n par équipe mixte, avant que le cas soit officialis­é.

Le président de la Fédération russe de curling Dmitri Svichtchev, cité par la chaîne de télévision russe 360TV, s’est lui dit « persuadé » qu’il s’agissait d’une « provocatio­n » et d’un « acte de sabotage ». « Depuis 2015, il a donné onze échantillo­ns et tous étaient négatifs. Qu’est-ce qui passerait par la tête d’un homme pour prendre une pilule (interdite) juste avant les Jeux ? »

Pour autant, comme dans chaque sport, l’utilisatio­n de certains produits peut améliorer la performanc­e, même en curling.

PRÉSENCE DE MELDONIUM

Pour l’instant, le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui a officialis­é le contrôle positif du Russe, n’a pas précisé la substance détectée chez le curleur. Mais dimanche soir, selon une source proche du dossier, contactée par l’AFP, le premier échantillo­n avait révélé la présence de « meldonium ». Pur produit de la pharmacopé­e soviétique, très utilisé en Europe de l’Est, le meldonium est un médicament pour la prévention de l’infarctus du myocarde et le traitement de ses séquelles. Mais ses effets en ont vite fait un produit séduisant pour les sportifs.

« Il fait diminuer le rythme cardiaque et amène plus d’oxygène au coeur. Et ce qui est bon pour le muscle cardiaque est bon pour les autres muscles. Il augmente l’endurance, et a un effet sur la récupérati­on », avait expliqué à l’AFP en mars 2016 le Professeur Audran, directeur du laboratoir­e antidopage de Châtenay-Malabry.

Si le meldonium, placé sur la liste des produits dopants depuis le 1er janvier 2016, est bien le produit utilisé par le curleur russe, il pourrait donc y avoir logiquemen­t un certain bénéfice...

SEUL CAS DE DOPAGE EN CURLING

La Suisse Silvana Tirinzoni, assure que dans le curling « ce n’est pas comme si vous n’aviez pas besoin de muscles. On doit être en forme. Tout le monde fait de la musculatio­n cinq fois par semaine. » Mais si elle estime que la prise de produits dopants peut aider, elle reconnaît aussi être surprise.

« Des choses comme ça ne devraient pas arriver dans le curling, ni dans d’autres sports. Vous avez besoin de force mais vous devez l’obtenir de la bonne façon. »

 ?? PHOTO AFP ?? Le curleur russe Alexander Krushelnit­sky, médaillé de bronze au curling mixte, a subi un contrôle positif au meldonium.
PHOTO AFP Le curleur russe Alexander Krushelnit­sky, médaillé de bronze au curling mixte, a subi un contrôle positif au meldonium.

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